Au musée des égouts, une plongée dans les entrailles de Paris

Après trois ans de travaux, le musée des égouts a rouvert ses portes au public. Les visiteurs découvrent 500 mètres d'histoire sous-terraine de Paris, dans des portions encore en activité.

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Il vaut mieux avoir l'estomac bien accroché lorsque l'on arrive en bas des marches du musée des égouts. Car les visiteurs longent des portions encore en activité où des égoutiers s'affairent à entretenir les conduites. Sur un parcours d'environ 500 mètres, on remonte presque 200 ans d'histoire, pour observer un réseau étonnamment moderne pour l'époque.

"La quasi-totalité du réseau tel qu'on l'utilise aujourd'hui a été construit tout au long du XIXe siècle. Lors de l'exposition universelle de 1867, on faisait la visite des égouts parce que cela faisait partie des éléments de la modernité de la ville. Une époque où l'on a créé des conduites d'eau, de l'eau propre, et de façon concomitante, on évacuait les eaux sales", raconte Anita M., responsable du pôle communication au musée des égouts.

Des égouts élémentaires (les plus petits) aux émissaires (les plus larges), il existe huit types d'égouts différents, donc cinq qui permettent la présence d'êtres humains. Tout le réseau, soit 2670 km de galeries, est vérifié par les 270 égoutiers parisiens.

Un réseau sous haute surveillance

"Une grosse partie du métier d'égoutier est de curer le réseau, de nettoyer les galeries et vérifier s'il n'y a pas de fissures pour éviter les risques d'effondrement", explique la responsable.

Un métier éprouvant (ils peuvent partir à la retraite à 52 ans) et exposé à des risques. Tous ceux qui travaillent dans les égouts, y compris au musée, possèdent un détecteur 4 gaz pour alerter sur des taux élevés d'hydrogène sulfuré, d'oxygène, de méthane et de monoxyde de carbone.

"Ce sont les excréments qui génèrent ces formations de gaz. Il y a aussi des risques de chute, les égouts vont jusqu'à 6 mètres de profondeur. Ils ont tous un harnais et un égoutier ne descend jamais seul. Mais le principal risque, c'est le gaz", relève-t-elle.

Comme on peut le voir dans cette exposition, l'équipement des égoutiers a fortement évolué. Dernière modification qui date de la crise sanitaire : un masque intégral au lieu d'une simple protection du nez et de la bouche. Au début de la crise, il existait une suspicion de transmission du virus par les matières fécales.

S'adapter au changement climatique

Le réseau s'adapte, lui aussi, à de nouvelles contraintes. Le changement climatique va être l'un des futurs chantiers importants du service d'assainissement des eaux de Paris.

"Nous connaissons bien la quantité des eaux sales qui viennent des habitations et le réseau est bien calibré. Mais concernant la dimension eau fluviale, celle-ci est plus difficile à maîtriser", détaille Anita M.

De fortes pluies et des crues plus importantes peuvent en effet saturer le réseau. En cas de débordement, les eaux sales se déversent ensuite dans la Seine. Pour éviter cela, un important bassin de stockage est en construction aux environs de la gare d'Austerlitz.

Toutes ces mesures permettent d'améliorer la qualité de l'eau du fleuve. Il y a encore 30 ans, seules deux espèces de poissons nageaient dans la Seine. Désormais, ce sont 32 espèces qui vivent dans les eaux de Paris (des saumons ont même été aperçus).

Mais pour la baignade, il va encore falloir attendre un peu. Lors de notre passage, le taux des bactéries Escherichia Coli étaient encore deux fois trop élevés pour permettre aux courageaux de faire trempette.

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