La ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet a demandé une enquête concernant des notes du Grand oral du Bac qualifiées d'"anormalement basses" obtenues par des élèves d'un lycée juif parisien. Selon les résultats de l'enquête, les modalités d'examen sont conformes et les soupçons de discrimination ne sont pas avérés.
Y a-t-il eu discrimination ou pas ? Des élèves du lycée confessionnel privé Yabné auraient obtenu des notes "anormalement basses" au Grand oral qu'ils ont passé dans un lycée du 18e arrondissement.
"Il s’est visiblement passé quelque chose de pas très normal lors des oraux du bac dans le 18e arrondissement", a twitté Julien Dray, l'ex conseiller régional d'Île-de-France sur le réseau X.
Il s’est visiblement passé quelque chose de pas très normal lors des oraux du bac dans le 18 eme arrondissement .. des notes bizarrres . Il faut faire vite la clarté sur cette situation .
— Julien Dray (@juliendray) July 10, 2024
Ce jeudi, Caroline Yadan, nouvelle députée sur la 8e circonscription des Français établis hors de France, s'est elle aussi alarmée : "je n’ose croire que des examinateurs de Paris 18e se soient livrés à une telle discrimination", s'interroge-t-elle sur le même réseau social.
L'ancienne ministre PS Laurence Rossignol, sénatrice, a enjoint sur X à la ministre de l'Education de réagir. "Des élèves d'un lycée juif disent avoir obtenu des notes anormalement basses à l'oral du bac. Je saisis @NBelloubet pour qu'une enquête soit diligentée immédiatement. Si les faits et l'antisémitisme sont avérés, c'est extrêmement grave. Si c'est une rumeur, il faut y mettre fin", a-t-elle écrit.
Une enquête déclenchée
Jeudi, la ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet, a annoncé avoir demandé une enquête approfondie, assurant que,"si les faits étaient avérés, ils seraient intolérables dans notre Ecole. Et je ne laisserai rien passer."
Les soupçons et accusations de discrimination au préjudice d'élèves d'un lycée juif parisien lors du bac 2024 n'ont finalement pas été confirmés par l'enquête administrative lancée par la ministre Nicole Belloubet, a indiqué l'Education nationale.
Les éléments recueillis "ne permettent pas de conclure que les élèves du lycée Yabné auraient subi une quelconque discrimination à raison de leur religion supposée ou de leur établissement d'origine", indiquent les résultats de l'enquête.
"Si certaines élèves ont pu connaître des notes plus faibles à cette épreuve très spécifique du Grand oral qu'à celles d'autres épreuves écrites dans les mêmes matières, rien n'établit que ces notes attribuées par un jury souverain l'auraient été pour des raisons autres que la maîtrise ou l'absence de maîtrise de cet exercice par ces élèves", ajoute-t-il. Les modalités d'examen ont été "conformes", fait valoir l'enquête.
L’enquête conclut que les élèves du lycée Yabné n’ont pas subi de discrimination. Notre École et ses personnels méritent la vérité : https://t.co/oGkerDI1MP pic.twitter.com/EvK4GGED2g
— Nicole Belloubet (@NBelloubet) July 12, 2024
Sur "les deux jurys incriminés", pour le premier, "l'analyse des résultats des candidats notés par ce jury, en comparant les élèves issus de Yabné et les autres élèves, ne révèle aucune distorsion de notation". Et pour le deuxième, s'il "s'est montré globalement plus sévère, rien ne permet de retenir une discrimination réelle ou supposée à l'égard des élèves du lycée" Yabné, ajoute-t-elle.
De manière générale, "173 candidats ont passé le grand oral en physique-chimie" dans le centre d'examen situé dans le 18e arrondissement de Paris et "la distribution des notes ne montre pas de distorsion majeure pour les élèves du lycée Yabné", selon les conclusions de l'enquête.
Un écart de note non expliqué
Sur le même réseau social, l'avocat Patrick Klugman affirme que le lycée privé sous contrat Yabné "a constaté un biais de notation au préjudice de 15 de ses élèves qui ont passé l'oral de spécialité du bac devant deux jurys d'un même centre d'examen à Paris". "On parle de 9 points d'écart sur 20 en moyenne par rapport aux 123 autres candidats du lycée qui sont passés devant d'autres jurys. Cet écart qui n'est explicable ni statistiquement ni pédagogiquement fonde une suspicion de discrimination", a poursuivi l'avocat.
Dans un communiqué, le lycée Yabné assure qu'une de ses "enseignantes présente le jour des épreuves sur l'établissement d'examen a fait part à la direction du lycée de discussion en salle des professeurs stigmatisant Yabné comme +école hors contrat+". Le lycée "a également été alerté par des parents d'élèves d'une attitude particulièrement agressive du jury lors du passage de leur enfant".
L'établissement a demandé "que les notes discriminatoires soient écartées pour ne pas porter préjudice aux élèves".