Un collecteur à urine a été inauguré hier après-midi à Châtillon dans les Hauts-de-Seine. Il s'agit du premier en France. Chacun peut contribuer et produire ainsi un bon engrais pour les champs des agriculteurs.
À Châtillon (Hauts-de-Seine), la distribution de légumes bios, cultivés dans la région et achetés directement aux producteurs se tient une fois par semaine. Une formule qui fonctionne par abonnement à l'association.
Pour Emmanuelle Grangé, secrétaire de l'AMAP Les raids actifs, "c'est vraiment un modèle gagnant-gagnant puisqu'on a la qualité du produit, le plaisir de connaître le producteur et de bénéficier de ses beaux légumes".
Dans la cour, certains adhérents viennent aussi remplir des cuves installées depuis quelques mois. Ils y versent leur urine collectée chez eux : "Récupérer nos déchets ça me paraît être quelque chose de tout à fait normal et c'est une façon de rendre à la campagne ce que la campagne nous amène en produits alimentaires de grande qualité", explique une adhérente.
Un engrais naturel apprécié des agriculteurs
À 60 kilomètres de Paris, dans une exploitation de Saint-Augustin (Seine-et-Marne), ces urines sont réutilisées comme engrais naturel. Loïc Dechaseaux en utilise sur ces plants de moutarde.
Avant de pouvoir utiliser ce fertilisant, il aura dû attendre six mois comme le recommande l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "Le fait de stocker l'urine pendant six mois, ça tue toutes les bactéries. Il n'y a pas de traitement à faire, juste à attendre", précise l'agriculteur.
Loïc Dechaseaux a également dû adapter un système spécifique à son tracteur pour épandre les urines dans la terre au moment du semis. L'efficacité de cet engrais naturel est bien connue : "L'azote, le phosphore, le potassium [...] sont des éléments essentiels pour que les plantes puissent pousser correctement".
Cette expérimentation vise à prouver qu'il est possible, même en ville, de prévoir des équipements pour collecter l'urine : "L'objectif c'est que tout soit extrêmement simple, rapide et qu'il n'y ait pas de risque de renversement ou aucune nuisance possible", souligne Louise Raguet, designer laboratoire. Le collecteur installé à Châtillon pourrait donc devenir un modèle à suivre et à développer.