Depuis un mois et demi, plusieurs centaines de migrants s'installent aux abords du métro de La Chapelle. Anne Hidalgo, la maire de Paris, demande à l'Etat d'agir.
Sous le métro aérien de la ligne 2, ils sont environ 300 à avoir posé leurs tentes. Certains ont ajouté des bâches plastiques, d’autres des cartons. Maigres isolants pour tenter de calfeutrer leurs abris de fortune. Cette nuit, le thermomètre devrait passer en dessous des 0. "Moi je dors là", nous confie un migrant en désignant des sacs de couchage posés à même le sol. "Je suis tombée malade, j’ai dû aller à l’hôpital. Tous les gens ici ont de la fièvre car l’air est trop froid. Après 3 heures du matin, tu ne peux pas dormir car il fait trop froid. On essaye de faire du feu", nous confie l’un d’entre eux arrivé d'Afghanistan. Il souhaite faire une demande d’asile.
La compétence de l'Etat
Cet après-midi, la maire de Paris s’est rendue sur le campement. "Si nous sommes là, c’est pour mettre en évidence cette situation qui dure depuis plusieurs semaines. Une situation qui sur le plan humanitaire n’est plus tenable", a affirmé Anne Hidalgo. "Cette situation, elle dépend de la compétence de l’Etat. C’est l’Etat qui doit travailler à la mise à l’abri des personnes à la rue. Les questions aussi d’immigration relèvent de la compétence de l’Etat", a-t-elle martelé.
"Il y a urgence parce qu’il y a un afflux de personnes. Parce qu’elles sont dans une situation humanitaire indigne. Nous devons trouver des solutions au côté de l’Etat. Je reviendrai autant que possible toutes les semaines pour parler de l’avancement de notre projet", a-t-elle clamé sans donner plus de détail.
Son discours a été interrompu par les invectives d’un homme. "Vous êtes la honte de la France. En deux mandats vous avez fait de Paris la poubelle du monde !" L’édile socialiste avait prévu d’évoquer la mise à disposition de l’Etat par la Ville de Paris de 1000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires.
Une "stratégie" selon Utopia 56
"La solution, c’est le premier accueil, c’est-à-dire de mettre des dispositifs qui permettent à ces personnes d’être accueillies dignement quand elles arrivent sur le territoire français", tranche un militant d’Utopia 56, une association de soutien aux migrants. "C’est ce qui existe partout en Europe. En France, on fait de la rue, une stratégie de dissuasion à l’égard des personnes qui cherchent une protection en France. On refuse de les accueillir, on les laisse à la rue. C’est une stratégie ! On demande des dispositifs adaptés qui permettent à ces personnes de s’intégrer rapidement."
Les riverains oscillent entre colère et solidarité. Certains amènent des vêtements chauds et des vivres. Tous demandent une prise en charge rapide de ces personnes. Ce campement a été démantelé à deux reprises, le 27 octobre et le 17 novembre dernier.