Centres d’accueil pour les Ukrainiens : "On demande l’ouverture des places vacantes, quelle que soit la nationalité"

Utopia 56 et Médecins du Monde, qui saluent "l’accueil digne" des déplacés ukrainiens, dénoncent la sous-utilisation du dispositif lancé suite à l’invasion russe. "Chaque soir, entre 400 et 450 places d'hébergement d’urgence sont vacantes" au centre de la porte de Versailles, d’après les associations.

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Les centres d'hébergement dédiés aux Ukrainiens "bénéficiaires de la protection temporaire par l’État" doivent-ils admettre d'autres étrangers sans-abri ? Alors qu’Utopia 56 et Médecins du Monde ont saisi la justice lundi dernier pour demander l’ouverture du dispositif "à l’ensemble des personnes en situation de très grande précarité", le juge des référés liberté du tribunal administratif de Paris a rejeté leur requête. Les deux associations confirment ce lundi faire appel de cette décision devant le Conseil d’État.

A Paris, c’est un centre situé porte de Versailles qui sert de point de passage pour la population ukrainienne lors de leur arrivée en Île-de-France, avant de réorienter les familles vers des lieux plus pérennes. Les associations s’interrogent sur sa sous-occupation.

"Chaque soir, entre 400 et 450 places d'hébergement d’urgence sont vacantes. Plus généralement, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, sur le territoire national 'au 15 juillet dernier, près de 84 770 places d’hébergement sont comptabilisées, avec un taux moyen d’occupation de 49%, soit 43 036 places disponibles' initialement dédiées aux ressortissant-e-s ukrainien.n.e.s", indiquent Médecins du Monde et Utopia 56 dans un communiqué.

"On salue le dispositif mis en place pour les déplacés ukrainiens, ça montre qu’un accueil digne est possible, explique Orane Lamas, référente technique et plaidoyer mal-logement à Médecins du Monde. En revanche, on aimerait que cet accueil soit possible pour toutes les personnes qu’on rencontre. Alors qu’on sait qu’il y a un certain nombre de places vacantes, on constate que des personnes d’autres nationalités se retrouvent à la rue faute de places d'hébergement d’urgence dans les dispositifs de droit commun ou les dispositifs dédiés aux demandeurs d'asile."

“Leur argument, c’est de garder les places vacantes au cas où il y aurait un afflux"

"Beaucoup de familles font des demandes. On parle de femmes enceintes, d’enfants, de personnes en situation de handicap, de personnes malades… Pourquoi les places vacantes ne sont-elles pas disponibles ? On demande leur ouverture, quelle que soit la nationalité", souligne Orane Lamas.

Utopia 56, qui intervient quotidiennement devant l’Hôtel de ville de Paris pour trouver des solutions d’hébergement d’urgence, explique "à titre d’exemple" que sur 1179 demandes faites à l’association entre le 14 juin et le 20 juillet 2022, "66% sont restées sans solution d’hébergement". "43% de ces dernières concernaient des personnes en situation d’extrême vulnérabilité", ajoute l’association.

Samy Djemaoun, l’avocat de Médecins du Monde et Utopia 56, affirme que "la vacance des places est établie". "On n’a pas eu de contradictions sur ce point, tant du ministère de l’Intérieur que de la préfecture… Leur argument, c’est de garder les places vacantes au cas où il y aurait un afflux", résume-t-il.

Mais la position des associations n’a pas convaincu le juge des référés liberté. Selon les motifs de l’ordonnance cités par Utopia 56 et Médecins du Monde, le dispositif de la porte de Versailles "est spécifique de manière à ne pas saturer les dispositifs de droit commun de l’hébergement d’urgence" et "les requérantes (...) n’apportent pas la preuve d’une carence manifeste des différentes autorités compétentes s’agissant des dispositifs de droit commun d’hébergement d’urgence destinés aux populations susceptibles d’en bénéficier".

Un "double standard injuste et injustifié" selon Médecins du Monde

Samedi 9 juillet, une centaine de migrants sans-abri avaient déjà manifesté à Paris à l'appel d'ONG, afin de demander l’ouverture du dispositif et la "solidarité pour les réfugiés". Familles, adultes isolés, mineurs sans protection… Les manifestants s’étaient rassemblés à proximité du centre de la porte de Versailles. Ils avaient ensuite pris la direction de la préfecture d'Île-de-France.

Mi-juin, la Ville de Paris avait demandé sans succès à la préfecture un accès pour les sans-abri étrangers au centre de la porte de Versailles. "L’État refusant catégoriquement d’héberger en urgence ces familles, la Ville de Paris s’est substituée à l’État et, le mardi 14 juin au soir, a mis à la disposition de ces familles dormant à la rue un gymnase municipal, permettant à 140 personnes d’être hébergées, dont des femmes enceintes, des enfants et des nourrissons", racontent Médecins du monde et Utopia 56.

Contactée, la préfecture d’Île-de-France n’a pas répondu à nos questions. Du côté de Médecins du monde, Orane Lamas assure que l’association "va continuer à dénoncer ces atteintes aux droits fondamentaux et ce double standard injuste et injustifié".

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