Six mois après avoir démissionné de son poste d’adjoint à la Culture à la mairie de Paris, et de s’être mis en retrait, Christophe Girard a fait son retour cette semaine au Conseil de Paris. Entretien avec l’élu, reçu sur le plateau de Dimanche en politique.
Il affirme avoir "fait son devoir". Christophe Girard, ancien adjoint d’Anne Hidalgo, a fait son retour cette semaine au Conseil de Paris. "Quand vous êtes élu par le suffrage universel, quand vous avez fait campagne, et que vous avez contribué à une victoire pour un programme et des valeurs, avance l’élu. La moindre des choses vis-à-vis des Parisiens, c’est de siéger pour s’occuper des sujets municipaux… Je suis un élu local, et mon devoir c’est de penser aux Parisiens, et à tous les sujets qui les préoccupent. Donc il est normal que je siège."
Christophe Girard nie avoir "orchestré" son retour : "En accord et sur les conseils du cabinet de la maire de Paris, nous nous étions convenus qu’en décembre, mon affaire ayant été classée en novembre, après trois mois d’enquête, je pouvais revenir en décembre au Conseil de Paris. Puis nous nous sommes dit que les choses étaient encore trop sensibles, et qu’il était plus raisonnable d’attendre février. Je voyais le président du groupe socialistes et apparentés "Paris en commun", un certain nombre d’élus, l’équipe du cabinet de la maire, ses conseillers… C’était dans un dialogue tout à fait respectueux, ils sont attachés à l’Etat de droit."
Récemment évincé du groupe majoritaire "Paris en commun", l’élu rappelle avoir "très proche d’Anne Hidalgo pendant 20 ans" : "Quand elle était vilipendée, malmenée, son premier adjoint avait démissionné avec fracas, j’étais à ses côtés, et j’en suis fier. Je pense qu’elle m’a soutenu autant qu’elle le pouvait, en amitié et politiquement, seulement elle a une majorité avec 24 élus verts, qui peuvent faire ou défaire sa majorité. Je suis content d’une certaine manière de lui permettre d’être beaucoup plus sereine, en ne m’ayant plus dans son groupe majoritaire."
Une manifestation féministe organisée à l'occasion de son retour au Conseil de Paris
Christophe Girard avait démissionné en juillet dernier de ses fonctions d'adjoint à la Culture, après des révélations sur ses liens avec l'écrivain Gabriel Matzneff, accusé de pédophilie, qui avaient provoqué de fortes critiques de la part des écologistes. Il s'était ensuite mis en retrait en août, en raison de l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris sur des accusations de viol le visant. Une enquête classée sans suite en novembre, en raison de la prescription des faits.
Il ne faut pas laisser les citoyens s’autoproclamer justiciers
"Il y a eu trois mois d’enquête, par des gens très sérieux, affirme Christophe Girard. Il faut faire confiance à la justice, aux enquêteurs, aux procureurs, aux juges et aux policiers. Il ne faut pas laisser les citoyens s’autoproclamer justiciers. C’est extrêmement dangereux. On est en train de glisser de la présomption d’innocence vers la présomption de culpabilité. Ça n’est pas la justice, ça n’est pas la démocratie."
Mardi, la conseillère EELV Alice Coffin évoquait auprès de France 3 Paris IDF une décision "très importante, bien au-delà du conseil de Paris", à propos de l’exclusion de Christophe Girard de "Paris en commun" : "L’action, ça marche, ça fonctionne, bravo aux militantes féministes qui se sont mobilisées." L’élue écologiste participait alors à une nouvelle manifestation féministe organisée devant la mairie de Paris pour demander la démission de l’ancien adjoint d’Anne Hidalgo, à l’occasion de son retour au conseil municipal.