Le chef de file des élus écologistes dans la capitale, David Belliard, met en cause le préfet de police de Paris, Didier Lallement, pour sa gestion des manifestations. Il a répondu à nos questions.
La liste de ceux qui veulent la démission du préfet de police de Paris s'allonge. Une lettre, adressée à Emmanuel Macron et signée par 72 élus EELV, Génération.s, communistes et du mouvement À Nous La Démocratie demande le départ de Didier Lallement.
Parmi les signataires, David Belliard, adjoint (EELV) à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie.
? [Lettre] 72 élu.e.s écologistes, @GenerationsMvt @EluesPCFParis @NousDemocratie demandent au président .@EmmanuelMacron le départ du préfet de police de Paris pour restaurer l’ordre républicain. pic.twitter.com/eV6YIXLvMx
— Groupe écolo Paris (@ecoloParis) December 7, 2020
Pourquoi demander la démission du préfet de police de Paris ?
Aujourd'hui, nous avons un certain nombre de sujets de maintien de l'ordre. Cela fait déjà plusieurs mois, voire plusieurs années que nous avons des difficultés, notamment sur les manifestations sur le climat avec des stratégies qui étaient des stratégies de mises en tension comme l'utilisation de gaz lacrymogène sans raison particulière.La deuxième chose, c'est la manière dont le camp de fortune monté à République a été traité comme les dernières manifestations, notamment celle de samedi (contre la loi Sécurité globale et pour lutter contre la précarité). Alors qu'il y avait une poignée de black blocs complétement décérébrées, qui sont extrêmement violents, on est arrivé à une situation de désordre absolu.
Existe-t-il une stratégie délibérée de mise en tension selon vous ?
Samedi dernier, quand je suis passé sur le parcours de la manifestation, il y avait énormément de forces de l'ordre déployées. Je ne conteste pas leur déploiement pour des manifestations qui peuvent être tendues. Des groupes ont pris en otage l'intégralité des manifestants qui, eux, manifestaient de manière très pacifique. Beaucoup d'images ont montré les difficultés à la fois de contenir les black blocs et une mise en tension de la manifestation.Je ne dis pas que c'est délibéré, mais je constate que cela ne fonctionne pas. Le préfet n'a pas beaucoup d'objectifs : le maintien de l'ordre et la garantie de la liberté de manifester. C'est une liberté fondamentale. Ni l'un ni l'autre n'ont été remplis. Si c'était la première fois, cela peut arriver. Mais là, il y a une répétition. On voit bien ces dernières semaines et ces derniers mois que nous avons une difficulté à Paris avec le préfet de police. Il est temps d'apaiser, de revoir la stratégie, de renouveler la direction de la préfecture de police. C'est la responsabilité du ministère de l'Intérieur, du gouvernement. On ne peut pas rester dans cette situation de mise sous tension. Cette stratégie est mauvaise, le préfet doit partir.
On ne peut pas rester dans cette situation de mise sous tension. Cette stratégie est mauvaise, le préfet doit partir.
Pourquoi demander la démission du préfet maintenant ?
Cela fait plusieurs fois qu'on la demande. J'ai déjà interpelé le préfet de police sur la question de sa gestion des manifestants de la lutte pour le climat, notamment des jeunes qui sont gazés presque à bout portant (sur le pont de Sully fin juin 2019, ndlr). Le 1er mai de la même année, de la même manière, nous avons commencé à demander un changement de préfet de police.La question qui se pose, ce n'est pas uniquement parce qu'il y a eu un sujet à un moment donné. C'est parce que nous avons une répétition, une stratégie qui manifestement ne fonctionne pas. Une stratégie qui met en tension, qui n'empêche pas les casseurs de casser, qui ne protège pas les manifestants lorsqu'ils manifestent. Changeons de stratégie, ayons une autre stratégie du maintien de l'ordre. Ce que nous souhaitons est une stratégie plus efficace, qui à la fois maintien l'ordre et permet aux manifestations de pouvoir s'opérer en toute sérénité. On a tous à gagner à ce que cela soit plus serein. Manifestement, le préfet de police n'est pas la bonne personne au bon endroit, il faut donc changer de préfet de police.