A quelques semaines de la nouvelle tarification dans les transports en commun, Île-de-France Mobilités veut renforcer la lutte contre la fraude alors que le taux de voyageurs sans billet s’élève à 15% sur le réseau de bus à Paris et petite couronne.
A bord du 171 direction pont de Sèvres, Thomas 38 ans guette les contrôleurs, prêt à valider son titre de transport, mais uniquement s’il aperçoit les uniformes des agents. "Je prends le bus pour seulement deux arrêts jusqu’à la station de métro, alors je n’ai pas envie de payer un ticket pour un trajet aussi court, sachant que je paierai quand même mon ticket en métro ensuite", reconnaît cet ingénieur qui prend les transports en commun seulement une fois par semaine.
Il n’est pas le seul à croire les derniers chiffres d’IDF Mobilités. Sur le réseau bus Paris petite couronne, le taux de fraude est estimé en moyenne à 15 % en 2023.
C’est trois fois plus que dans le métro, dont le taux de fraude est estimé à 5 % en semaine sur le réseau ratp. Un réseau moins touché par la fraude avec le développement des portiques empêchant le passage de voyageurs sans billet.
Sur le Noctilien, environ un voyage sur trois est réalisé en situation irrégulière.
"Frauder c’est voler", la campagne choc d’IDF Mobilités
La Région a donc décidé de lancer une campagne de communication sur la lutte contre la fraude. "Frauder c’est voler, Titres de transport payés = réseau financé", peut-on lire sur les affiches, placardées sur certains bus de région parisienne depuis quelques jours.
Une campagne choc qui ne fait pas l’unanimité à l’arrêt de bus place de la Résistance à Issy-les-Moulineaux. "Franchement non, frauder ce n’est pas voler", clament à l’unisson Hanna et Lina, lycéennes, qui ne fraudent pourtant pas elles-mêmes. "On a un pass navigo qui est trop cher, il faudrait payer, mais seulement à partir de 18 ans."
Pour Jean-Luc, juriste, "il faudrait s’intéresser aux raisons pour lesquelles les gens fraudent. Est-ce que le coût d’un billet prend en compte la réalité des transports ?", s’interroge-t-il.
Compenser les pertes liées au ticket unique
À un mois du big bang tarifaire qui prévoit l’instauration d’un tarif unique à 2, 5 euros pour le métro, train et RER et 2 euros pour les trajets en bus et tramway, la présidente d’Île-de-France Mobilités et de la Région Île-de-France, est bien décidée à réduire le manque à gagner dû à la fraude, estimé à plusieurs centaines de millions.
"Nous devons mener une lutte implacable contre la fraude. Car la fraude, c'est injuste : ceux qui respectent les règles paient pour ceux qui ne les respectent pas. La fraude, c'est aussi un manque à gagner pour financer les transports en commun", défend Valérie Pécresse dans un communiqué.
Car la simplification du système billettique pourrait entraîner une baisse des recettes de 30 millions d’euros en 2025, selon IDF Mobilités. La région espère aussi que le tarif unique, plus avantageux pour les banlieusards, pousse les voyageurs à se payer un ticket plus seulement par peur des contrôles.