Coronavirus / Kawasaki : une vingtaine d'enfants hospitalisés à l'hôpital Necker

Une vingtaine d’enfants est actuellement hospitalisée à l’hôpital Necker après avoir développé des formes atypiques de la maladie de Kawazaki. Une maladie vasculaire grave. En pleine période de Covid, autorités et spécialistes s'interrogent sur un lien potentiel avec le virus. 


 

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Ce sont les médecins de l’hôpital Necker qui ont donné l’alerte. Depuis trois semaines, les services hospitaliers d’Ile-de-France ont accueilli une vingtaine d’enfants âgés de 5 à 17 ans, dont un adolescent dans un état gravissime passé par l’hôpital Saint-Antoine. Tous ont été pris en charge pour des symptômes inflammatoires impliquant le cœur, les poumons et l’appareil digestif pouvant entraîner une défaillance cardiaque. "Cette alerte à caractère épidémique est à notre avis cruciale dans une période où l’activité programmée est susceptible de reprendre et à l’heure du dé-confinement", écrivent les auteurs d’une note destinée à la communauté médicale.

Selon le docteur Damien Bonnet, coordonnateur du réseau M3C Necker à Paris "l’état clinique de ces patients rappelle la maladie de Kawasaki". Un diagnostic également évoqué par des cliniciens d’Amiens, de Lille, de Lyon. "Il y a à la fois une myocardite, une inflammation du cœur qui fait que soudainement, le cœur se met à moins bien fonctionner, explique Marie-Arlette Dommergues, pédiatre infectiologue au centre hospitalier de Versailles. Et un autre agent, une maladie inflammatoire des vaisseaux qui donne beaucoup de fièvre, ce qu’on appelle la maladie de Kawasaki."
 

Les symptômes de la maladie de Kawasaki

Dans la maladie de Kawasaki, parfois déclenchée par un agent infectieux, les enfants peuvent présenter plusieurs symptômes : une irritabilité, une fièvre comprise entre 38,5 et 40 degrès et qui résiste aux antibiotiques ; une atteinte cutanée avec des éruptions sur le corps entre le 3e et le 5e jour ; une atteinte des extrémités (paumes et plantes des pieds) qui deviennent rouges et douloureuses ; une atteinte des muqueuses (pharyngite, lèvres rouges et fissurées, boutons sur la langue) ; des ganglions de grande taille, entre 3 et 5 cm douloureux.
Cette maladie peut également prendre des formes atypiques avec des problèmes digestifs, respiratoires, neuro-méningés, articulaires. Ou prendre une forme incomplète d’où la difficulté parfois à la diagnostiquer. "Ce sont des symptômes assez proches de ceux du Covid, une maladie protéiforme, qu’on ne connait pas bien, remarque Michel Rybojad, dermatologue à l’hôpital Saint-Louis. Cet orage cytokinique décrit pour le Covid-19 ressemble à la maladie de Kawasaki. Je suis étonné de voir que c’est la même ambiance physiopathologique."
 

Un lien avec le coronavirus ? 

Des similitudes qui interrogent jusqu’en Espagne, en Italie ou en Belgique également touchés. En Grande-Bretagne, où 12 cas ont été recensés, la Société britannique de soins intensifs pédiatriques a relevé que les enfants touchés présentaient des "paramètres sanguins correspondant à une forme sévère du Covid-19""C'est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus, a déclaré le 28 avril Matt Hancock, secrétaire d'État à la Santé à la Protection sociale. Nous ne sommes pas sûrs à 100% parce que certaines des personnes qui l'ont contractée n'ont pas été testées positives [au coronavirus]. Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherche. Mais c'est quelque chose qui nous préoccupe."

En France, un tiers des jeunes patients hospitalisés été testés positifs au Covid-19. De quoi interpeller le Ministre de la santé Olivier Véran, évoquant une "certaine inquiétude et une certaine vigilance". "Je prends ça très très au sérieux. Nous n'avons absolument pas d'explication médicale à ce stade. Est-ce qu'il s'agit d'une réaction inflammatoire qui vient déclencher une maladie préexistante chez des enfants atteints par ce virus ou une autre maladie infectieuse ? Il y a beaucoup de questions."
Dès hier, Olivier Véran a demandé à la communauté soignante et scientifique en France et à l’étranger de récolter le maximum de données pour voir s’il y a lieu de faire un lien entre le coronavirus et "cette forme qui jusqu’ici, n’avait été observée nulle part".
Si personne ne formellement établir un lien entre cette maladie infantile et le Covid, l'étrange recrudescence de cas, en pleine épidémie de coronavirus, incite à la vigilance. "Nous ne comprenons pas encore pourquoi le démarrage de cet afflux de jeunes patients est retardé par rapport à celui de la pandémie, précisent ainsi les praticiens de l'hôpital Necker. Il paraît d'une importance sanitaire majeure que tous les cas soient recensés, même s'ils sont douteux".
Pour Marie-Arlette Dommergues, pédiatre infectiologue au centre hospitalier de Versailles, "il est trop tôt aujourd’hui pour dire que ce que l’on observe à l’heure actuelle est lié au Covid-19 chez l’enfant. Il faut faire des sérologies, des scanners du poumon. Il faut se donner le maximum de chance pour répondre à cette question de manière la plus précise possible."
Les médecins se veulent toutefois rassurants. Les jeunes patients réagissent généralement bien aux traitements. "La plupart ont besoin d'être aidés avec des médicaments pour soutenir le fonctionnement du coeur", détaille le professeur Damien Bonnet, chef de service de cardiologie pédiatrique à l'hôpital Necker enfants malades. Des immunoglobulines en intraveineuse. "Les enfants évoluent quasiment tous de façon favorable, même s'ils sont dans une situation réanimatoire initialement", rassure-t-il. Certains ont déjà guéris et ne présentent pas de séquelles. Un seul décès serait survenu à Londres. 



 
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