Crack à Paris : un syndicat de la RATP exige la fermeture de la station Porte-de-la-Villette

Estimant ne plus pouvoir y "assurer la sécurité des usagers", le syndicat UNSA-RATP exige la fermeture temporaire de la station de métro Porte-de-la-Villette, dans le XIXe arrondissement de Paris. Il y rapporte de nombreux incidents liés à la concentration importante de consommateurs de crack.

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Dans le nord-est parisien, leurs silhouettes vacillantes font désormais du décor. Les consommateurs de crack, dont des camps ont été successivement évacués de la porte de la Chapelle, de la place Stalingrad puis du jardin d'Éole, se concentrent depuis septembre 2021 au square de la Porte-de-la-Villette, aux confins du XIXe arrondissement et de la commune de Pantin.

"Entre la station Quatre-chemins [à cheval entre Aubervilliers et Pantin, NDLR] et ici, ils sont beaucoup. Beaucoup trop, glisse une riveraine rencontrée à la station de métro Porte-de-la-Villette. Ils restent autour de la bouche de métro, mais aussi dans les couloirs, et embêtent les usagers."

Un "laboratoire de tout ce qu'il ne faut pas faire"

Alerté par de nombreux signalements d'altercations dans et aux abords de la station de métro, le syndicat UNSA-RATP demande une fermeture temporaire de Porte-de-la-Villette, située sur la ligne 7. "La situation est presque apocalyptique, c'est intenable pour les usagers comme pour les salariés," juge Arole Lamasse, secrétaire général du syndicat.

Dans cette station, les collègues m'ont rapporté 23 intrusions sur les voies en janvier et février, des personnes qui consomment dans les couloirs, des excréments. Alertés par des cris en pleine journée, ils ont aussi découvert deux personnes en pleins ébats sexuels dans les couloirs, aux yeux de tous. C'est simple : Porte-de-la-Villette est un laboratoire de ce qu'il ne faut pas faire.

Arole Lamasse, secrétaire général de l'UNSA-RATP

À défaut de pouvoir assurer la sécurité des usagers de la station et éviter un futur accident, son syndicat demande à la direction de la RATP de condamner la station jusqu'à la résolution du problème, soit l'évacuation des toxicomanes. Demande qui reste pour le moment lettre morte.

Davantage de judiciaire et de policiers

Les collectifs de riverains Paris Anti-Crack, Anticrack93, SOS Quatre-chemins, Stalingrave ou encore Stop Crack Éole alertent les pouvoirs publics depuis plusieurs années sur ces concentrations de toxicomanes dans leurs quartiers.

"Le crack, il est sédentarisé depuis quatre décennies dans les quartiers de Stalingrad, , Marx-Dormoy et Mercadet-Poissonniers, se désole Tarak Sassi, membre de Paris Anti-crack. Pour lui, fermer Porte-de-la-Villette n'est pas la solution. "Avant de fermer cette station, il faudrait aussi fermer Barbès, Stalingrad, Gare-du-Nord, Marx-Dormoy, Porte-de-la-Chapelle, soit une partie des lignes 2; 5, 7,12. On n'a pas fini !" énumère-t-il, presque hilare.

"Il y a eu abandon de certaines actions associatives de sécurité, conjuguée à une explosion de la consommation de crack pendant la crise sanitaire. (...) Parce qu'elle permet le transport de ces addicts, La RATP a une responsabilité, mais ce n'est pas en fermant des stations qu'elle règlera le problème. Nous avons besoin de davantage judiciaire et de policiers," estime Tarak Sassi.

"C'est la nuit que ça devient dangereux"

Rencontré au niveau du tramway tout près de la Cité des Sciences, Christophe* confie spontanément se fournir en crack à la porte de la Villette. Lunettes de soleil posées sur le nez, il confirme en avoir consommé ce matin. "Généralement, ça se passe bien. C'est la nuit que ça devient dangereux," glisse le quadragénaire à propos du quartier. Sous curatelle renforcée, le Parisien se fait suivre psychologiquement pour réduire sa consommation.

"Je ne veux en aucun cas promouvoir cette addiction, avertit Christophe, dont la bouche accouche difficilement de chaque mot. Je me pose beaucoup de questions sur les conséquences néfastes des consommateurs de crack sur les gens qui les entourent, la société. Ce sont surtout des personnes sans-papiers, seuls, sans ressources, qui viennent de pays très difficiles. (...) Les consommateurs qui dérangent les riverains, ce sont des personnes qui viennent demander de l'argent pour acheter leur dose et passer, je pense, un mauvais moment."

*Le prénom a été modifié

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