La mesure a été annoncée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, après trois nuits d'émeutes avec bâtiments incendiés, magasins pillés et bus et tramways attaqués par des bandes d'émeutiers un peu partout en France.
Le métro parisien fermera ses portes aux mêmes horaires qu'en semaine vendredi et samedi soir, soit une heure plus tôt qu'à l'accoutumée, vers 1h du matin (au lieu de 2h), "à la demande de la préfecture de police", a indiqué vendredi Ile-de-France Mobilités.
Cette annonce fait suite à la fermeture du réseau francilien de bus et tramways à partir de 21h tous les soirs "jusqu'à nouvel ordre", alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné à tous les préfets d'en faire de même sur tout le territoire.
Des bus incendiés
"Nous souhaitons que le service public reprenne (...) mais nous ferons toujours primer la sécurité des agents et des passagers", a résumé vendredi matin le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, alors qu'il visitait un site de la RATP attaqué à coups de cocktails Molotov la veille à Aubervilliers (Seine-saint-Denis).
Bilan : 12 bus totalement incendiés et un treizième partiellement endommagé. "Les bus servent tous les jours aux habitants de banlieue (...) c'est une structure de transport populaire", a déploré le patron de la RATP Jean Castex devant les carcasses calcinées.
Ailleurs en Ile-de-France, 18 bus ont été brûlés à Provins (Seine-et-Marne) et, au total, Ile-de-France Mobilités a dénombré une trentaine de véhicules détruits.
Interrogations sur cette interruption
Cette interruption inhabituelle des services publics de transport en raison des émeutes soulève quelques interrogations.
Plusieurs fédérations syndicales d'Ile-de-France (CFDT, CGT, Unsa, FSU et Solidaires) ont condamné dans un communiqué la décision d'arrêter bus et tramways, jugée "injuste socialement et totalement contraire à l'obligation de continuité de service public".
Chez les syndicats de la RATP en revanche, certains appellent à des mesures plus drastiques encore. "Il faut fermer le réseau ferré aussi (métro et RER)", a réclamé Jean-Christophe Delprat, responsable RATP à FO-Transports.
"On estime que les mesures ne sont pas suffisantes parce qu'il y a un climat de violence tel qu'on ne peut pas se permettre de laisser les conducteurs de métro, les agents de station qui sont souvent des femmes qui travaillent seules, sans sécurité", a-t-il ajouté.
La RATP, qui exploite le métro et les lignes A et B du RER, se contente pour l'instant de fermer les stations où les émeutes sont les plus violentes, comme à Nanterre-Préfecture, non loin de là où un policier a tué le jeune Nahel mardi.
Pour Arole Lamasse, secrétaire général de l'Unsa-RATP, les mesures vont "dans le bon sens" mais "il faudrait que dans les zones identifiées comme les plus dangereuses, on arrête les bus à partir de 17h".
Le syndicaliste dit également avoir demandé à ce que les opérations de contrôle dans les transports cessent pour que "les salariés soient mobilisés pour de l'information et de l'orientation des voyageurs".