"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de la télévision. Cette semaine, l'émission s'intéresse au coût du logement en région parisienne. Des années 60 à aujourd'hui, pour les propriétaires comme les locataires, la vie était-elle vraiment moins chère il y a 60 ans ? Nous avons sorti la calculatrice...
525 francs, soit 80 euros... Ce prix imbattable, c'était celui du mètre-carré à Paris en 1960, selon une estimation de la chambre des notaires de Paris. Un chiffre à lire avec prudence. En le débarrassant par exemple des effets de l'inflation, ce montant vaudrait 883 euros aujourd'hui, d'après le convertisseur de l'Insee. Le chiffre ferait toutefois pâlir tout investisseur parisien de 2022. Car dans la capitale, le mètre-carré atteint les 10 590 euros au deuxième trimestre de cette année, avec une légère érosion des prix à la vente ces derniers mois.
L'immobilier était-il pour autant si bon marché dans les années 60 ou 70 ? Un rapide coup d'œil aux archives audiovisuelles permet d'en douter.
"Les candidats acquéreurs sont quelque fois surpris par les prix", confie un agent immobilier parisien, dans un reportage de 1976. "On les incite, lorsqu'ils ne peuvent pas acheter dans un quartier très cher, à glisser sur un quartier moins cher. Ou encore, ils ont l'option de la banlieue", explique-t-il aux journalistes d'Antenne 2.
"L'achat d'un appartement ou d'une maison est toujours l'un des principaux actes dans la vie d'un ménage ou d'un particulier", confirme Patrice de Moncan, économiste et historien de Paris, invité de "Rue des Archives". Quelle que soit l'époque.
Des loyers 20 fois plus chers qu'il y a 60 ans
Quand il fallait 7 Smic en 1960 pour acheter un mètre-carré, il en faut désormais 12. Là est peut-être le meilleur indice de cette folle évolution du coût de l'immobilier à l'achat dans la capitale française.
"Dans l'après-Guerre, beaucoup de gens ont acheté pour louer, avec une idée de rentabilité."
Patrice de Moncan, économiste et historien de Paris"Rue des Archives", 23 septembre 2022
Auteur de plusieurs ouvrages sur l'immobilier, dont Que vaut Paris ? (ed. du Mécène, 2013), Patrice de Moncan précise toutefois que l'inflation fut d'autant plus forte... pour les locataires. Dans les années 50, la profession des promoteurs fait son apparition, dans un contexte de libéralisation, dès l'après-guerre, "grâce au crédit". "Beaucoup de gens ont acheté pour louer, avec une idée de rentabilité", poursuit Patrice de Moncan. "La croissance du loyer va aller beaucoup plus vite que la croissance du prix de vente du mètre-carré." Environ fois 20 pour les loyers, contre fois 12 à la vente.
Entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, "la notion de rentabilité n'était pas évidente". Une explication : la loi sur le paiement des loyers du 9 mars 1918. Celle-ci disposait le gel des baux jusqu'à une date indéfinie, dans le contexte de la fin de la Première Guerre mondiale. Elle ne sera remise en question qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La loi du 1er septembre 1948 libéralise le secteur locatif en autorisant le bailleur à augmenter les loyers, après travaux modificatifs au sein du logement.
Dans une rue parisienne, les locataires semblent confirmer ce coût des logements. Au micro de la Première chaîne, en 1970, ils déplorent la hausse des loyers.
"Je paie 28 000 [anciens, ndlr] francs par mois. Je trouve que c'est trop cher", affirme un passant. Cela représenterait 318 euros aujourd'hui.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #3, consacré au coût du logement en Île-de-France.