Homophobie dans le foot : « Il faut des sanctions contre ceux qui continuent de pourrir l’ambiance dans les stades »

A l’occasion de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, ce vendredi, la Ligue invite à porter un brassard arc-en-ciel dans les stades de foot français, et lance un programme de lutte. Une opération lancée avec un club parisien : les Panamboyz and Girlz United.

En 2014, les Panamboyz and Girlz United avaient déjà promu le port des lacets arc-en-ciel dans les stades, avec la Fondation du Football et la Ligue de Football Professionnel. Nouveau symbole cette année, toujours en partenariat avec la LFP : le club inclusif parisien lance un brassard aux couleurs LGBT avec l’association Foot ensemble, SOS Homophobie et la DILCRAH (la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT).

En plus d’un clip de sensibilisation diffusé sur les écrans géants, les capitaines, les entraîneurs ou encore les arbitres ont été invités à porter le fameux brassard au cours des matchs du week-end en Ligue 1 et Ligue 2.

Un programme de sensibilisation auprès des jeunes joueurs et des pros

Mais l’opération est loin de se limiter à de la communication, avec le lancement sur le long terme d’un plan complet d’action de lutte contre l’homophobie. Première mesure : la distribution de livrets pédagogiques dans les centres de formation et la mise en place d’ateliers de sensibilisation dans les clubs.

« Avec les Panamboyz, on était déjà allé avec SOS Homophobie dans des ateliers de sensibilisation, dans les centres de formation de l’OL et de l’OM, raconte Bertrand Lambert, président du club francilien et par ailleurs journaliste à France 3 Paris Île-de-France. Au début, c’était très froid. Certains donnaient l’impression de n’avoir jamais rencontré d’homosexuels de leur vie, ça paraît complétement fou. »

Avant de poursuivre : « Mais en fait, en discutant avec eux tout simplement, en expliquant qu’on avait la même passion, les mêmes envies… Tout de suite, les clichés commençaient à être déconstruits. Il faut aller au contact du plus grand nombre, c’est important. »
Intervenants : Hugo Fonseca, Trésorier des Panamboyz and Girlz // Raphaël Didio, Responsable équipe à 7 Panamboyz and Girlz // Clément Tata, Joueur. Un reportage de Geneviève Faure et Nedim Loncarevic.

Une procédure de signalement et de sanctions face aux insultes homophobes

Le plan prévoit aussi des sessions de formation contre l’homophobie du côté des tribunes, avec les référents supporters de chaque club dès la prochaine saison.

Et sur le volet répressif, la ligue va créer une procédure spécifique pour faire remonter les actes de discrimination dans les stades. L’idée : une fiche de signalement à disposition du public, suivie de mesures judiciaires si les faits sont répréhensibles.

« Des "pédés", des "enculés"… C’est en permanence »

« Il faut savoir siffler la fin de la récréation et prendre des sanctions contre ceux qui continuent de pourrir l’ambiance dans les stades, lâche Bertrand Lambert. Car oui, il y a des chants homophobes quasiment tout le temps. Des "pédés", des "enculés"… C’est en permanence. »

« On ne dit pas forcément que les supporters prononcent ces mots avec l’idée que c’est homophobe, mais dans les faits, c’est reçu comme tel par tous les gens qui ne sont pas forcément à l’aise avec leur sexualité ou qui se découvrent », rappelle le président des Panamboyz.

Toujours d’après lui, les jeunes sont souvent les premières cibles, directes ou indirectes : « Le taux de suicide chez les jeunes homosexuels est six fois supérieur à la normale. Imaginez ces enfants et ces adolescents aller au stade ou regarder le foot à la télé, et prendre continuellement des insultes dans la tête. Il faut que ça change. »

Le coming out d’un grand nom du foot, la prochaine étape contre les tabous ?

L’objectif de l’opération est, à terme, de faire disparaître aussi vite que possible les insultes homophobes. L’étape suivante contre les tabous ? Le coming out d’un grand nom du foot, selon Bertrand Lambert :

« Il faudra bien un jour ou l’autre que quelqu’un se lance en premier, parce qu’il y aura bien un premier. Ca ne sera pas forcément facile pour lui, il sera l’objet de nombreuses sollicitations, mais ensuite ce sera l’exemple que les gamins pourront aussi avoir en poster dans leur chambre. »

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