Incendie de la rue Myrha en 2015 : ouverture du procès ce lundi à Paris

Cinq ans après la mort de huit personnes dans l'incendie de la rue Myrha, en septembre 2015, la Cour d'assises de Paris juge dès ce lundi l'homme accusé d'être à l'origine des faits. L’affaire est aussi l’histoire d’une lourde erreur judicaire.

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Huit morts, dont deux enfants âgés de 8 et 14 ans. Le procès de l’incendie de la rue Myrha, à l’origine d’un lourd bilan humain, s’ouvre ce lundi 30 novembre à la Cour d'assises de Paris. Cinq ans après les faits, on ne trouve plus aucune trace des flammes sur la façade du 4 rue Myrha, située dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Le 2 septembre 2015, l’incendie avait pourtant ravagé ce bâtiment du quartier de la Goutte-d'Or.

"C’était cet immeuble-là, raconte Khaled, un riverain. Il y avait vraiment beaucoup de feu. Les gens n’avaient pas le temps de partir." Le drame est resté gravé dans sa mémoire. "Le plus triste, c’était le couple qui a sauté du troisième étage, se rappelle le voisin. C’était le plus triste. Ils n’avaient pas le choix. Il y avait du feu partout."

Si je commence à en parler, ça me bouleverse

Karamoko Tandian, habitant du 4 rue Myrha

Huit personnes sont mortes dans l’incendie, dont une famille prise au piège au cinquième étage : le frère, la belle-sœur et les jeunes neveux de Karamoko Tandian, qui vit toujours dans l’immeuble. "Si je pense aux enfants, ça me pique beaucoup… Et quand je rentre ici, ça me secoue", confie cet habitant du 4 rue Myrha.
"Si je commence à en parler, ça me bouleverse. Ça coule", se rappelle avec tristesse Karamoko Tandian.

"Je veux qu’il dise la vérité"

Le bâtiment étant bien entretenu, la piste criminelle est privilégiée. L’affaire est d’ailleurs aussi l’histoire d’une lourde erreur judicaire. A l’époque des faits, une personne sans-abri du quartier est vite incarcérée, sur la base de témoignages et d'une caméra de vidéo-surveillance.

L’incarcération du SDF, qui attend encore aujourd’hui d'être indemnisé, durera plus d’un an à Fresnes. Un des locataires de l’immeuble, Thibault Garagnon, a en effet fini par éveiller les soupçons des enquêteurs. Âgé de 19 ans à l’époque de l’incendie, cet homme – qui a reconnu les faits en garde à vue – avait organisé des marches blanches et des commémorations à la mémoire des victimes, aux côtés d’Alassane Tandian, rescapé de l’incendie."C’est quelqu’un qui manipule, qui essaye de cacher ce qu’il a fait, estime Alassane Tandian. Il ne dit pas la vérité, mais ce n’est pas une personne qui est malade. Il sait très bien ce qu’il fait, ce qu’il dit."
"Je veux qu’il dise la vérité devant la Cour. Ce qui l’a poussé à faire cela", poursuit le rescapé. Des réponses que toutes les familles des victimes ainsi que les rescapés espèrent obtenir.

Le procès doit se dérouler jusqu’au 11 décembre prochain.
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