Une offre de soins en ville qui s'affirme, des Franciliennes qui ont recours à l’IVG en dehors de leur département de résidence... Bobette Malulanga, médecin pour le compte de l'Observatoire régional de santé Île-de-France nous livre les dernières évolutions de la pratique de l'IVG en Île-de-France.
Que peut-on dire aujourd'hui concernant l'offre de soins pour les IVG en Île-de-France ?
Bobette Malulanga : Il y a une évolution qui est plutôt encourageante en Île-de-France. Durant ces 10 dernières années, on peut observer surtout une croissance de l'offre en ville dispensée par des médecins libéraux. D'une part, le nombre de ces médecins qui pratiquent les IVG augmente en Île-de-France et d'autre part, il y a de plus en plus de sages-femmes - environ 200 en Île-de-France - qui pratiquent des IVG depuis 2016.
On a affaire à une mutation. La progression de la médecine de ville, c'est vraiment une bonne chose dans la mesure où aujourd'hui l'idée c'est de rapprocher les soins des lieux de vie des femmes. En 2012, 76 % des IVG étaient faites en milieu hospitalier, contre 57 % aujourd'hui.
Paris reste le département qui a une plus grande offre de soins en matière d'IVG, suivi de la Seine-et-Marne et le département qui a moins d'offres en médecine de ville, c'est la Seine-Saint-Denis. Cela tient au fait que la Seine-Saint-Denis reste un désert médical. De manière générale, l'offre en médecine libérale est dans ce département en dessous que la moyenne régionale.
Pourquoi une forte minorité de femmes ont recours à une offre de soins en dehors de leur département de résidence ?
Bobette Malulanga : En 2016 et 2017 selon une étude publiée par l'Observatoire régional de santé Île-de-France et rédigée par la même autrice, une femme sur quatre a eu recours à l’IVG en dehors de son département de résidence. 29 % des femmes du Val-de-Marne, 23 % des femmes des Hauts-de-Seine, 19 % des femmes de Seine-Saint-Denis ont fait appel une offre de soins située à Paris.
On pense que c'est dû à l'attractivité de Paris. Il y a des femmes qui veulent faire des IVG dans des lieux proches par exemple de leur travail à Paris. Mais ça peut aussi être dû à un besoin de confidentialité. Plus on aura des professionnels libéraux qui vont faire des IVG dans les quartiers, dans les départements, plus ça pourra inverser justement ces tendances, à ces flux d'interventions qui se pratiquent en dehors des lieux des résidences des femmes qui veulent avoir recours à l'IVG.
Quel effet peut avoir l'inscription de l'IVG dans la Constitution ?
Bobette Malulanga : L'inscription de l'IVG dans la Constitution, c'est une victoire historique. Les femmes, les professionnels de santé se sentiront confortés ( ... ) en sécurité parce que c’est inscrit dans la Constitution. Ça rassurera tout le monde. Ce qui va faire changer les choses, ce sont d'abord toutes ces mesures qui se sont inscrites dans la loi au fil des années, comme aujourd'hui, les IVG en téléconsultation, ou comme les IVG qui peuvent se faire jusqu'à 16 semaines d'aménorrhées. Ça évite que les femmes partent vers d'autres pays d'Europe pour une intervention.