Depuis le début des JO et des Paralympiques, une trentaine de commentateurs se rendent sur les sites de compétition pour raconter les épreuves en audiodescription aux spectateurs. Une aide certaine pour les personnes malvoyantes mais également pour tous les amateurs de sport qui souhaitent mieux comprendre une discipline.
"C'est un mélange entre du journalisme sportif et de la narration." Depuis le début des JO et pendant toute la durée des Paralympiques, Antonin Grisez est commentateur en audiodescription des épreuves sur les sites de compétition. Cet étudiant en journalisme à Paris explique que sa mission est de "donner à voir" les différents sports pour les personnes malvoyantes.
"Pendant les JO, j'ai commenté du tennis et pour les Jeux Paralympiques je fais plusieurs sports comme la natation ou le tennis de table." Pour la première fois dans l'histoire des Jeux, les spectateurs munis d'un billet peuvent suivre leur session en audiodescription. "C'est disponible sur l'application de Paris 2024 pour 9 sports pendant les Paralympiques", note Thao Coubrun, superviseur de l'audiodescription pour Paris 2024. Parmi ces sports on trouve l'athlétisme, la natation mais aussi des disciplines spécifiques aux Paralympiques comme la boccia ou le goalball.
"Chaque sport se commente différemment"
Chaque commentateur a été formé avant le début des épreuves. "L'audiodescription a cela de particulier qu'il faut décrire tout ce qui permet de comprendre ce qu'il se passe sur l'aire de jeu. Cela passe par la couleur des tenues, le sens du jeu, la description des actions et les expressions lors d'une victoire ou une défaite. Un peu comme un commentaire en radio", détaille Antonin Grisez.
Autre spécificité du duo d'audiodescripteurs : "Il faut aussi apporter des éléments de contexte, des statistiques, un point sur les performances passées des athlètes. On raconte l'épreuve mais on est aussi journaliste", note-t-il.
Pour les commentateurs, il s'agit de rendre compte de la spécificité de chaque sport. "Par exemple pour le goalball, on fonctionne en parlant de 7 zones différentes sur le terrain car les pratiquants de ce sport se repèrent avec cette numérologie. On s'adapte car chaque sport a ses propres codes et se commente différemment", indique Thao Coubrun.
"Ce sont des commentaires pour les malvoyants mais pas seulement"
En premier lieu, les commentaires en audiodescription sont destinés aux personnes malvoyantes. "Cela leur permet de vivre les épreuves olympiques en ayant les mêmes informations que les autres spectateurs", enclenche Antonin Grisez. De son côté, Thao Cobrun note que "de nombreuses personnes qui ne sont pas malvoyantes l'utilisent aussi. C'est une façon pour elles de mieux comprendre des disciplines parfois complexes".
Faire comprendre et donner à voir sans trop complexifier les choses, c'est d'ailleurs l'une des difficultés pour les audiodescripteurs. "Parfois on décrit une action mais on a envie d'apporter du contexte avec des statistiques et des histoires sur les joueurs, c'est un équilibre permanent à trouver", estime l'étudiant en master de journalisme sportif à l'Institut Européen du Journalisme.
C'est la première fois dans l'histoire des Jeux que l'audiodescription est proposée sur les sites de compétition. "Notre trentaine de commentateurs se relaie sur les épreuves. Tous les spectateurs munis d'un billet y accèdent sur leur téléphone. Un traducteur assure aussi l'audiodescription en anglais.", énumère Thao Coubrun.
En France, l'audiodescription sportive a été utilisée pour la première fois lors de l'Euro de football 2016. "C'est un phénomène qui est jeune chez nous et qu'il faut développer davantage. Auparavant, les personnes malvoyantes devaient se fier à l'ambiance dans le stade ou aux commentaires d'un proche pour comprendre l'action. Maintenant, elles peuvent vivre pleinement le sport de manière autonome", souligne Thao Coubrun.