Qui sont les supporters chargés par Paris 2024 de chauffer à blanc le public au sein des enceintes olympiques ? Des ambianceurs racontent à France 3 Paris Île-de-France leur expérience.
"Il y a une ambiance du tonnerre pour ces JO ! On sent un vrai engouement, avec une belle participation du public dans toutes les enceintes", salue Catherine, un spectatrice venue d’Alsace, croisée à l’Arena Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement. Derrière la ferveur qui anime la salle au fil des épreuves de badminton, on trouve notamment Hélène Maniquant, leader d’ambiance.
"On m’a déjà dit qu’il y avait plus d’ambiance pour ces épreuves de 'bad' qu’à Roland Garros, sourit-elle. L’idée, c’est d’être un moteur dans les tribunes et de soutenir tous les athlètes, les Français mais aussi les autres. On visibilise ce sport souvent méconnu, et on en donne une autre image. C’est incroyable. Au badminton, le public peut être un peu introverti. Il n’a pas forcément l’habitude de faire du bruit. Là j’adore, on change les codes. L’Arena est en feu, c’est du jamais-vu. Et les fans de différentes nations se répondent alors qu’en général c’est plutôt calme."
Mégaphones, tambours, banderoles, tifos… Cette Parisienne de 32 ans, fondatrice d’une entreprise d’escape game, souligne que "tout a été bien pensé et préparé en amont" avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). "On se situe au niveau des carrés de supporters, les tribunes de l’ambiance. On fait un brief pour les autres spectateurs avant les épreuves, et on s’échauffe pour les chants. La mission des leaders d’ambiance, c’est d'insuffler la ferveur au sein du public avec des Marseillaise ou des clappings", résume Hélène, recrutée "un peu par hasard" lors d’un test event de badminton en mars dernier.
"L’ambiance des sports collectifs est ramenée dans d’autres disciplines"
Au total, on compte plus de 1000 ambianceurs pour ces Jeux. Un dispositif conçu de longue date du côté de Paris 2024, comme l’explique Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des JO, à franceinfo : "Ça fait longtemps qu'on travaille sur ce concept des carrés des supporters, ça n'existait pas aux Jeux".
Dans les gradins, on peut repérer les bénévoles notamment aux têtes géantes à l’effigie d’athlètes brandies pour certaines compétitions, comme le ping-pong. "Ce sont les organisateurs qui ont imprimé ces têtes, on en avait pour Félix Lebrun par exemple", raconte Carina Marius Motte, également leader d’ambiance. Cette Parisienne de 34 ans, directrice de crèche, a été recrutée via la Fédération Française de Tennis de Table.
L’ambianceuse souligne que la ferveur est plus ou moins spontanée : "C’est un combo entre nous et le public. Parfois tu n’as rien à faire. Certaines olas partent toutes seules au ping-pong. L’ambiance des sports collectifs est ramenée dans d’autres disciplines." Hélène, elle, note toutefois qu’"on ne supporte pas le 'bad' comme on supporte l’équitation, ou la Stade de France". "Il y a de vraies différences entre les sports, avec des publics plus ou moins avertis", détaille-t-elle.
"J’ai un peu mal à la gorge"
Les planning peuvent d’ailleurs s’avérer chargés pour les bénévoles, au-delà de leur sport de prédilection. Alors qu’Hélène a pu participer à des épreuves de rugby, de handball et d’athlétisme, Carina a également enchaîné les compétitions. "J’ai eu du judo, de la lutte, du water-polo, du taekwondo, de l’aviron, du kayak… Mais ça se passe bien, j’ai encore de la voix", sourit-elle.
Ludovic Amelot, lui, a un peu trop malmené ses cordes vocales depuis le début des Jeux. "Qui ne saute pas n'est pas français", "Chalala", "Debout, debout"... Le leader d’ambiance, membre du club Issy Triathlon, avoue avoir "un peu mal à la gorge" au cours du relais organisé autour des quais de Seine, lundi matin. "Je ne sais pas si vous avez un peu de miel pour moi", ironise-t-il, posté au niveau du pont Alexandre-III.
Mais l’ambianceur - coiffé d’un chapeau en forme de coq bleu-blanc-rouge - garde le sourire, même lorsque les sportifs français subissent des coups durs. "Quand on prend un coup sur le moral, ce n’est pas évident mais on arrive à remobiliser les troupes. On est là pour les athlètes à 100%. Il n’y a pas de souci, on est là", raconte-t-il. Ses meilleurs souvenirs ? "C’est quand on commence à lancer un chant, un 'Allez les bleus' ou une Marseillaise, et que tout le monde suit en se levant et en brandissant les drapeaux", confie Ludovic.
Les leaders d’ambiance ont en tout cas des "retours unanimes" du côté des sportifs, selon Hélène. "Les athlètes ont des frissons, ils se sentent portés. Jouer devant le public français, ça peut renverser un match", confie-t-elle. Carina, elle, se souvient de "remerciements touchants" de la famille du judoka Aurélien Diesse, éliminé en huitièmes de finale des -100 kg. "On lui avait préparé une chanson personnalisée, raconte-t-elle. C’est valorisant pour les athlètes. Entendre son prénom, ça booste d’autant plus."
Avec Florie Castaingts, Céline Cabral et Méryl Loisel.