JO de Paris 2024 : la revente des tenues des bénévoles, un phénomène "amplifié par les plateformes de seconde main"

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Depuis plusieurs jours, la panoplie officielle portée par les 30 000 bénévoles mobilisés pendant les JO suscite un intérêt grandissant sur les réseaux sociaux. Revendue à prix d'or sur les plateformes de seconde main, cette tenue devenue tendance pose pourtant quelques problèmes.

120€ le sac Paris 2024, 90€ le t-shirt, 200€ pour la montre swatch et même jusqu'à 300€ pour le bob — le produit star de la tenue. Il n'y a qu'à parcourir Vinted ou Marketplace pour s'en rendre compte : tout le monde s'arrache la tenue officielle créée spécialement pour les bénévoles des JO de Paris 2024.

"C'est marrant que ça se vende aussi cher. C'est quand même quelque chose d'unique qui n'est pas accessible en boutique pour le grand public", réagit Nadine, volontaire pour les JO. "Ça ne m'étonne pas plus que ça la revente sur Vinted, ajoute Edouard, l'un de ses collègues. Ça allait forcément arriver à un moment."

Un phénomène de revente qui "n'est pas nouveau, mais qui est amplifié par ces plateformes de seconde main qui rendent tout 'financiarisable'", explique Philippine Loupiac, enseignante chercheuse spécialisée dans le e-commerce. "C'est une tendance qui vient des consommateurs. Les plateformes répondent à un besoin d'immédiateté de leur part. Dès qu'ils voient quelque chose, sur les réseaux sociaux ou autre, ils le veulent tout de suite."

La notion de rareté de ces équipements créés spécialement pour les bénévoles est donc à l'origine de ces prix démesurés qui peuvent parfois surprendre.

"Avec l'exclusivité de ce type de produits, il n'y a plus de plafond, ce qui explique le prix des reventes, ajoute l'experte. Les vendeurs sont également influencés par une fonctionnalité mise en place par les plateformes qui est celle du prix moyen : lorsqu'ils ajoutent un article, elle propose une tranche de prix pour les produits similaires."

Cette recommandation de prix moyen permet alors, en partie, d'alimenter une bulle spéculative autour de ces produits.

Les vêtements rachetés "plusieurs centaines d'euros" aux bénévoles

Et les volontaires sont les premiers à voir l'engouement autour de leurs vêtements et accessoires aux couleurs bleues, rose et jaunes. "Les supporters et même les policiers mobilisés pendant les JO nous demandent si on a d'autres bobs ou s'ils peuvent nous les racheter plusieurs centaines d'euros", explique l'un des volontaires qui a souhaité rester anonyme.

@wing.planet Ils nous ont régalé @Decathlon et @paris2024 🙌 Vraiment incroyable la tenue!! #jo #paris2024 #volontaire #tenue #paris ♬ original sound - WingPlanet

Face à ces requêtes, il s'est décidé à revendre sa montre. "Je n'en avais aucune utilité, j'en ai déjà d'autres à la maison, nous révèle-t-il. Je réfléchis à donner quelque chose à mes proches ou à vendre certains polos que je n'ai pas portés. Le reste je compte le garder."

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S'il assure qu'il n'y a "aucun but lucratif" avec cette revente, il reconnaît malgré tout que "ça met du beurre dans les épinards". En tout cas, s'il y a bien une chose dont ce bénévole est sûr, c'est que "le design plaît".

Pas de collection permanente prévue par Decathlon

Derrière ce design se cache Decathlon. "On espérait que les tenues allaient plaire", confie Virginie Sainte Rose, directrice du partenariat entre Decathlon et Paris 2024, avant de reconnaître avoir été "un peu surprise que ce soit à ce point".

Face au succès des tenues portées par les bénévoles, elle précise pourtant que la "panoplie appartient au comité" et que la marque n'a pas pour objectif de "lancer la gamme de façon permanente. Mais nous avons un stock tampon pour les bénévoles qui voudraient garder certaines pièces".

Un stock qui a été confronté aux déclarations de vols qui se sont multipliées ces derniers jours. "Je suis allée au centre de distribution et on m'a expliqué qu'il y avait de plus en plus de signalements pour vols. Certaines personnes se font voler leur chapeau surtout, commence-t-elle. Au début, on les remplaçait. Mais maintenant on pousse les gens à se responsabiliser un peu plus."

Si la directrice du partenariat n'a pas de chiffres précis sur le nombre de vols, elle estime qu'il est assez "important pour qu'on lui remonte les signalements" qui ont été faits.

"Il faut que les plateformes de revente clarifient leur position"

Si les tenues rencontrent un grand succès, ce n'est pourtant pas la première fois que les plateformes de revente se retrouvent face à ce type de situation. C'était également le cas avec la gamme de vêtements en édition limitée lancée par Lidl par exemple.

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Le problème selon Philippine Loupiac reste que ces reventes d'articles neufs font l'objet "d'une spéculation" sur ces plateformes. Pour la spécialiste, ces dernières doivent "clarifier leur position à ce sujet" et une "législation doit être mise en place pour réguler" ce type de ventes.

Avec l'exclusivité de ce type de produits, il n'y a plus de plafond, ce qui explique le prix des reventes.

Philippine Loupiac

Enseignante chercheuse spécialisée dans le e-commerce

Dans le cas des tenues de bénévole, un autre problème est pointé du doigt : les règles floues indiquées dans la charte du volontariat concernant l'uniforme et sa potentielle revente.

"Il y a un côté uniforme quand quelqu'un nous voit. Les gens savent qu'ils peuvent nous demander des renseignements, précise Charles, bénévole. Si des touristes portent la même tenue que nous, ça nuit à la visibilité des bénévoles."

Si les volontaires doivent obligatoirement porter leur tenue durant leurs missions, ils ne sont normalement pas autorisés à le faire en dehors de ce cadre. Rien n'est donc indiqué pour les particuliers qui achèteraient l'un de ces éléments et décideraient de les porter lors des épreuves.

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