Alors qu’il était proscrit jusqu’ici de porter un tatouage représentant les cinq anneaux de couleur aux Jeux paralympiques, avec des sanctions allant jusqu’à la disqualification des athlètes, le règlement sera désormais assoupli selon le "New York Times". Pourquoi une telle interdiction était-elle en place ?
"Les Jeux paralympiques vont abandonner l’interdiction des tatouages d’anneaux olympiques", titre le New York Times dans un article publié jeudi, à l’approche de la cérémonie d’ouverture prévue mercredi soir à Paris. "Auparavant, les athlètes avaient été contraints, sous peine d'expulsion, de recouvrir le symbole en raison d'une règle interdisant la publicité sur le corps", explique le quotidien américain.
"Les athlètes ayant de tels tatouages n'ont pas besoin de les dissimuler", indique un mail de Craig Spence, responsable de la marque et de la communication du Comité international paralympique (CIP), cité par le New York Times.
Par le passé, plusieurs athlètes ont dû faire face à ce règlement. Le nageur américain Rudy Garcia-Tolson, quintuple médaillé paralympique, devait jusqu’ici concourir en cachant un tatouage situé sur le haut de son dos. L'athlète, amputé des deux jambes, affiche les anneaux olympiques sur sa peau depuis 2004, suite à sa première médaille d’or à Athènes - alors mineur, il avait eu l’aval de sa mère.
Mais en 2012, quand le CIP a commencé à mettre en place des sanctions contre ce type de tatouages, Rudy Garcia-Tolson a décidé de dissimuler le tatouage. "Nous estimons que nous ne devrions pas être traités différemment de nos coéquipiers olympiques", affirmait le sportif dans un article de NBC Sports en 2016.
Il expliquait ainsi ne pas être d’accord avec la règle, mais s’y conformer pour ne pas prendre le risque d’être pénalisé. Pas suffisant : en 2021, à Tokyo, l’encre utilisée pour recouvrir temporairement son tatouage s'était effacée lors d’une course. D’abord disqualifié, le nageur avait par la suite fait appel avec succès.
"La publicité sur les corps n'est pas autorisée (...) et cela inclut les anneaux olympiques"
Autre athlète sanctionné : en 2016, le nageur britannique Josef Craig avait été exclu de la finale du 100 mètres des Championnats d'Europe de natation handisport à Funchal, au Portugal, à cause d’un tatouage sur sa poitrine représentant les anneaux olympiques.
"La publicité sur les corps n'est pas autorisée, de quelque manière que ce soit, et cela inclut les anneaux olympiques. L'athlète ne portait pas de cache et a été disqualifié", avait expliqué un porte-parole du CIP à la BBC.
Et d’ajouter : "Toutes les équipes sont informées de la politique en matière de publicité lors d'une réunion technique avant la compétition, ce n'est donc pas comme si on ne leur avait pas rappelé les règles".
Le règlement avait en fait pour objectif d’éviter une confusion avec les JO en protégeant la marque des Jeux paralympiques : les "Agitos", trois virgules de couleur affichées en ce moment sur l'Arc de Triomphe pour Paris 2024. "Ils sont le symbole des valeurs de courage, de détermination, d’inspiration et d’égalité", détaille le site du Comité international olympique (CIO), qui précise que le rouge, le bleu et le vert "sont tout simplement les couleurs les plus utilisées sur les drapeaux nationaux du monde entier".
Le New York Times relève que l’évolution du règlement semble "soudaine” et reste "sans explication évidente". Contactés, ni Paris 2024 ni le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) - qui fait partie des 184 comités paralympiques nationaux qui forment le CIP - n’ont répondu à nos sollicitations. Jusqu’au 8 septembre prochain, 4 000 athlètes vont en tout cas participer aux Jeux paralympiques en tentant, à leur tour, d’y laisser leur marque.