Alors que les organisateurs des JO de Paris ont lancé le 11 mai la deuxième phase de vente des billets, à l’unité, les prix suscitent une nouvelle fois la polémique. De quoi mettre à mal la promesse de Jeux "populaires".
Après la controverse survenue lors de la première phase de vente des billets par "packs" cet hiver, la billetterie suscite de nouveau des critiques, y compris cette fois de la part d'athlètes. Pour cette deuxième phase, lancée le 11 mai, les organisateurs avaient décidé de vendre près de 1,5 million de billets, à l'unité. Dès le premier jour, près des deux tiers des sésames sont partis selon les organisateurs.
Les places pour la finale hommes de la catégorie des lourds en judo, celle de Teddy Riner, "sont parties en deux heures", affirme Paris-2024. "Franchement c'est parti très fort, presque trop. C'est la preuve d'un énorme engouement", réagit le comité d'organisation. Mais les prix, jugés bien trop élevés par certains, ont une nouvelle fois provoqué des protestations, sur les réseaux sociaux notamment.
Sur le million de places à 24 euros pour ces JO, le tarif le plus bas, près de 150 000 ont été mis en vente pour cette deuxième phase. Mais mécaniquement, étant donné que ces premiers billets ont été les premiers à partir, les potentiels acheteurs se sont vite retrouvés face à des prix bien plus élevés.
"Comment peut-on mettre des tarifs aussi élevés pour notre sport ?"
Trois jours après le lancement de cette deuxième phase de vente, les fans de sport se sont vus proposer des billets à 690 euros ou même 980 euros pour des demi-finales d'athlétisme, des tickets à 2 700 euros pour la cérémonie d'ouverture.
Certains athlètes ont eux-mêmes formulé des critiques envers la politique tarifaire. "Jeux Olympiques accessibles pour tous vous aviez dit... En fait, il faut faire des crédits à la banque pour que les familles et proches puissent avoir la chance de venir nous voir... Enfin du moins si d'ici là il reste des billets", déplore ainsi la judoka Amandine Buchard, médaillée de bronze en moins de 52 kg lors des derniers Championnats du monde.
"Comment peut-on mettre des tarifs aussi élevés pour notre sport ?", s'est également insurgé sur Instagram Jimmy Gressier, champion de France 2023 de cross-country. "Je ne suis même pas sûre que ma famille pourra venir me voir tellement c'est cher", a par ailleurs déclaré la Belge Nafissatou Thiam, double championne olympique d'heptathlon, au média belge la DH.
"C'est une erreur d'avoir évoqué des Jeux populaires"
De leur côté, les organisateurs estiment ce procès "injuste". Ils ont notamment dû faire face à un bug technique, une erreur de programmation d'épreuves sur huit sessions d'athlétisme, pour laquelle Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des Jeux, s'est engagé à trouver une solution.
"On s'attendait à la critique, on nous avait prévenus que les périodes de vente étaient un moment difficile. Mais on avait sous-estimé l'ampleur", indique un cadre de Paris-2024 à l’AFP. "Avec quatre millions d'inscrits au tirage au sort pour 1,5 million de billets en vente, on savait qu'il y aurait des déçus", ajoute cette source.
À l'Assemblée nationale, le 16 mai dernier, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a elle aussi tenu à défendre la politique tarifaire en affirmant que les prix de Paris-2024 étaient "inférieurs" aux éditions précédentes. "Les billets accessibles, à 24 euros, existent mais ils partent trop vite. C'est une perception des gens que les JO ne sont pas populaires", se défend Paris-2024.
"Il ne peut pas y avoir des JO populaires, cela n'existe pas", affirme au contraire à l’AFP David Roizen, expert en politique sportive. "La finale de Ligue des champions, les JO, ce sont des événements réservés à une élite financière. C'est une erreur d'avoir évoqué des Jeux populaires", estime l’expert associé à la fondation Jean-Jaurès.
Avec AFP.