JO de Paris 2024. Prix "délirants" des billets : "C’est d'abord une mauvaise communication"

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Alors que les organisateurs des JO de Paris 2024 défendent une "billetterie accessible", la mise en vente des premières places suscite de nombreuses critiques. Mais les prix proposés sont-ils vraiment hors-normes ?

Hors de prix, les places pour Paris 2024 ? Pour la première phase de la billetterie des Jeux, ouverte depuis le 15 février et jusqu’au 15 mars, trois millions de tickets sont mis à disposition pour 80% des sessions olympiques, avec un système de tirage au sort. Des "packs sur-mesure" sont proposés, "dans la limite des disponibilités" comme l’indique le règlement. Une grille tarifaire a d’ailleurs été publiée le 1er février.

Mais du côté du public, le dispositif et les chiffres affichés ont suscité une vague de commentaires mécontents sur les réseaux sociaux. "75 euros pour une place potable" pour les qualifications en gymnastique, 120 euros pour le skate, prix "scandaleux" avec des places à 240 euros pour les quarts de finale de basket, "690 euros le ticket" pour une soirée d’athlétisme… Les critiques fusent sur Twitter.


"Ayant eu la chance d'être tiré au sort pour l'achat de packs, je me faisais une joie d'acheter des billets pour combler un rêve de gosse… Hélas, les prix délirants font que je regarderai tout cela dans mon salon", raconte un internaute.


"Ce sont les plus grands champions de la planète, ils ont aussi une valeur"

"On n'est pas plus cher que les Jeux de Londres, ou que pour assister à la Coupe du monde de football ou au Mondial de rugby. Il y a de la frustration, on le sait. Sur les trois millions d'inscrits, on ne peut pas contenter tout le monde", s’est défendu ce mercredi Tony Estanguet. Invité de RTL, le président du Cojop (le comité d'organisation des Jeux de 2024) a souligné la forte demande : "En une semaine, c'est parti très fort. En quelques jours, les gens se sont rués sur les places. Sept sports sont déjà complets, qui sont plutôt des nouveaux sports."

"Quand vous allez voir un grand concert aujourd'hui, certaines places sont à plusieurs centaines d'euros. Quand vous allez dans un parc d’attractions, c’est plus de 100 euros. Les Jeux à Paris, c’est une fois tous les 100 ans. Ce sont les plus grands champions de la planète, ils ont aussi une valeur", a tenté de justifier le triple champion olympique de canoë-kayak. Tout en rappelant, par ailleurs, le système conçu pour ouvrir l’accès à la billetterie au-delà des "plus fortunés" : "Un million de billets sont vendus à 24 euros, et 50% sont des places à moins de 50 euros. À côté, les autres tickets doivent financer les Jeux."

"Il s'agit d'un tirage au sort en temps réel. Actuellement, il reste des places à 24 euros dans tous les sports. Il reste des places en voile, en golf, en rugby, en foot. Mais peut-être que demain il n'y en aura plus. Sur une quinzaine de disciplines, il reste des places à prix abordables, en-dessous de 50 euros", a précisé Tony Estanguet.

"On pourra critiquer le prix des billets de Paris 2024 quand on sera en capacité de calculer le prix moyen des places"

"La polémique n’a pas vraiment lieu d’être", estime Pierre Rondeau, professeur à la Sports Management School et co-directeur de l'Observatoire du sport de la Fondation Jean-Jaurès. "Il faut recontextualiser, explique ce spécialiste de l’économie du sport. C’est d'abord une mauvaise communication. Les organisateurs n’ont pas suffisamment rappelé que cette première phase de mise en vente, qui suscite un fort engouement, ne concerne que des packs de trois billets minimum, pour au moins trois disciplines différentes. Et la facture s’alourdit vite si on y va avec des amis ou en famille : quand on prend quatre billets pour une discipline, il faut aussi en acheter quatre pour chaque autre discipline sélectionnée. La phase de vente à l’unité, elle, aura lieu en mai."

"Certaines personnes n’ont pas compris cette obligation. Ça n’a pas été assez anticipé, alors que les organisateurs ont beaucoup communiqué sur une billetterie accessible, avec la moitié des billets à moins de 50 euros. Ce qui est très peu cher pour un événement de ce type, on parle quand même de Paris 2024, il y a une très forte demande. Si on se retrouve à devoir acheter des billets pour le skate et l'escalade, alors qu’on s’imaginait juste en prendre pour l'athlétisme, ça pose problème quand on doit payer au total plusieurs centaines d’euros", analyse Pierre Rondeau.

"Un deuxième élément joue : la construction du budget de Paris 2024, poursuit-t-il. D’un côté il y a le Cojop pour l’organisation, de l’autre la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) pour les infrastructures. Les deux budgets sont indépendants. Pour la Solideo, c’est de l’argent public. Pour le Cojop, ça repose au contraire essentiellement sur des fonds privés. Et là, il y a eu d’importantes difficultés pour recueillir des sponsors. Total, qui était prêt à devenir partenaire, a été rejeté pour des raisons écologistes. Pour rééquilibrer son budget, le Cojop a peut-être agi en élevant la billetterie."

"Le troisième élément qui entre en compte, c’est l’inflation. Si on pense à Londres 2012, pour prendre un cas comparable en Europe, la tarification était entre 50 et 75 euros en moyenne, avec certains événements qui dépassaient les 200 livres. Depuis, on a connu une inflation continue sur 10 ans, et ça s’accélère dernièrement. On pourra critiquer le prix des billets de Paris 2024 quand on sera en capacité de calculer le prix moyen des places, à la fin", rappelle Pierre Rondeau.

"Ça sera intéressant de voir comment sera contrôlé le marché des reventes, avec notamment la vérification de l'identité des acheteurs, les tickets étant nominatifs, ajoute-t-il. Aux JO, le prix d’un billet au marché noir pour la finale du basket pourrait être multiplié par deux, trois, quatre…" Pour Paris 2024, près de 13,5 millions de billets seront mis en vente au total : 10 millions pour les Jeux olympiques et 3,5 millions pour les Jeux paralympiques. Un site de revente, géré par Paris 2024, est annoncé pour la fin d'année.

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