Alors que la plateforme de livraison de repas a annoncé avoir déconnecté près de 2 500 comptes de travailleurs identifiés comme frauduleux ces dernières semaines, une manifestation a été organisée ce lundi à Paris pour protester contre la mesure.
La colère monte contre Uber Eats, une plateforme régulièrement pointée du doigt pour permettre à des personnes sans-papiers de travailler. Plus de 500 livreurs, qui ne peuvent désormais plus travailler pour l’application, se sont rassemblés ce lundi matin sur la place de la République (XIe arrondissement).
La semaine dernière, Uber Eats avait annoncé avoir déconnecté ces dernières semaines près de 2 500 comptes de travailleurs identifiés comme frauduleux. Des comptes ouverts avec de faux documents selon la plateforme.
Les arguments de l’entreprise sont contredits par les travailleurs concernés. "Sur la plateforme, on s’inscrit et on met tous nos documents en ligne. Vous êtes censés d’abord étudier les documents avant de les valider... Après trois ans et demi de travail, avec le compte où vous m’avez fait des virements sur mon RIB, à mon nom, vous me dites plus tard que ce compte était frauduleux ?", s’indigne un livreur présent ce lundi à la manifestation.
"Qu'est-ce que je vais devenir ?"
"Si on me coupe mon compte, qu'est-ce que je vais devenir ? S’ils m’avaient prévenu peut-être une semaine ou deux avant, j’aurais pu me préparer pour chercher un autre boulot", déplore un autre livreur. L’opération de déconnexion est menée sans ménagement depuis deux mois, suite à un rappel à l’ordre du gouvernement. Les travailleurs, en première ligne pendant la crise sanitaire, veulent faire valoir leurs droits.
"On veut qu’il n’y ait maintenant plus aucune déconnexion sans un entretien préalable, dans lequel les livreurs vont pouvoir se défendre, assistés d’un conseiller juridique ou syndical. On veut aussi que les factures Uber Eats puissent entrer dans la procédure de régularisation", explique Jérôme Pimot, président du Collectif des livreurs autonomes de plateformes (Clap 75).
"Dans le cadre des engagements des plateformes de livraison auprès du Gouvernement à combattre la fraude documentaire et la sous-traitance irrégulière, nous avons mené un audit minutieux des comptes livreurs utilisant Uber Eats en France, répond la plateforme dans un communiqué. Nous avons ainsi identifié des utilisations frauduleuses de notre application et avons pris action en désactivant ces comptes tout en mettant en place une procédure d’appel à laquelle les livreurs suspendus peuvent recourir. Nous avons tenu au courant de nos actions l’ensemble des parties prenantes. Nous restons ouverts à toute discussion sur le sujet de la fraude et celui de l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité."
Uber a également indiqué avoir réactivé 3,8% des comptes déconnectés après réexamen de certains cas particuliers.
Les livreurs ont prévu de manifester devant le siège parisien d’Uber Eats.