La manifestation de l'ultradroite a réuni 200 personnes place du Panthéon à Paris

Le rassemblement a été fait à l'appel d'un groupuscule d'ultradroite, l'association Les Natifs, pour rendre hommage au jeune Thomas, tué lors d'une fête de village dans la Drôme le 18 novembre. La manifestation avait été autorisée par la justice administrative.

Les manifestants ont scandé des slogans tels que "justice pour Thomas", ce jeune de 16 ans mortellement agressé à Crépol (Drôme), et "Français, réveille-toi, tu es ici chez toi", sous haute surveillance policière. Quelque 200 personnes étaient présentes selon l'association Les Natifs, à l'origine du rassemblement.

Cette manifestation avait lieu après la suspension par la justice administrative de l'arrêté préfectoral d'interdiction.

"Je suis scandalisé par la manifestation à Paris. Le préfet de police sur mon instruction l'avait interdite, la justice l'a autorisée", a réagi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dans la nuit à l'Assemblée, à la toute fin de l'examen en commission du projet de loi immigration.

Une interdiction qui représentait "une atteinte grave à la liberté de manifester"

Parmi les manifestants était présent Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen et ancien membre du FN (ex-RN).

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez avait annoncé mercredi soir sa décision d'interdire ce rassemblement, susceptible de générer des troubles à l'ordre public en raison "des propos tenus qui sont des propos d'incitation à la haine et à la violence".

Mais le tribunal administratif a suspendu l'arrêté préfectoral vendredi soir, quelques minutes avant sa tenue, au motif qu'il s'agissait d'une "atteinte grave à la liberté de manifester".

"Les juges des référés considèrent que n'apparaît pas suffisant le risque que la tenue de la manifestation déclarée porte atteinte au respect de la dignité de la personne humaine et que soient commises des infractions pénales pour justifier l'interdiction prononcée par le préfet de police", a expliqué le tribunal dans un communiqué.

Soulignant que ce rassemblement avait pour "objet de rendre hommage à Thomas", les juges des référés ont conclu que "l'interdiction prononcée port(ait), compte tenu de son caractère disproportionné, une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation".

"Dénoncer le laxisme juridique"

Interrogé par l'AFP, le porte-parole des Natifs, Antoine, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, a assuré que le but de la manifestation était "de rassembler les personnes qui ont été choquées" par la mort de Thomas "et dénoncer le laxisme juridique" qui ne permet pas de "dissuader les agresseurs de recommencer".

Selon lui, les dizaines de militants de la mouvance identitaire, cagoulés, qui s'étaient retrouvés samedi soir à Romans-sur-Isère "pour en découdre" avec les jeunes du quartier de la Monnaie, dont seraient issues certaines des personnes impliquées dans la mort de Thomas, "c'est l'expression d'une colère, mais ce n'est pas la bonne".

Le rassemblement à Paris s'est dispersé peu après 20h, a constaté la journaliste de l'AFP.

"Signal d'une époque"

Interrogé sur France Inter ce samedi matin, Jean-Luc Mélenchon a exprimé son "immense dégoût" au lendemain du rassemblement. "J'y vois le signal d'une époque, la banalisation de l'extrême droite a évidemment favorisé son extrémisation et nous voici rendu à ce genre de démonstration".

Concernant la décision du tribunal administratif d'autorisation de la manifestation, Jean-Luc Mélenchon regrette l'existence de tels mouvements politiques : "Comment se fait-il qu'il y a dans notre pays des organisations qui puissent s'en prendre aux personnes, qui puissent faire acte public de racisme, qui puissent faire des saluts nazis et le reste ? Ces gens-là on sait qui c'est." Et d'ajouter : "C'est une reconstitution de ligue dissoute, M. Darmanin n'a rien fait, le groupe Génération Identitaire a été dissout et il s'est reconstitué."

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