"Le sprint final du nettoyage social" : des associations dénoncent l'évacuation de campements de migrants à Paris juste avant les JO

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Alors que les autorités accélèrent le démantèlement de campements illégaux très majoritairement peuplés de migrants à l'approche des Jeux olympiques, le collectif du Revers de la médaille pointent du doigt ces nouvelles évacuations.

Les évacuations s'enchaînent à quelques jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux. Mercredi matin, les forces de l'ordre sont intervenues pour démanteler deux campements de migrants regroupant 150 personnes au niveau du pont de Flandres et 80 personnes vers le pont de Stains, le long du canal Saint-Denis dans le nord parisien, a rapporté Médecins du Monde. "Ils ont vraiment parachevé le grand nettoyage social juste avant le commencement des JO", a commenté Paul Alauzy, coordinateur Médecins du Monde et un des porte-parole du Revers de la médaille qui alerte sur l'expulsion des populations précaires de Paris en amont de cet événement.

Jamal Ahmed, 30 ans, originaire du Soudan, s'était installé depuis deux ans sous le pont de Flandres. "Je suis déjà monté dans le bus pour aller à Ris-Orangis (Essonne), j'ai été logé qu'un mois. Puis on m'a dit dehors ! Alors je suis revenu ici car je savais qu'il y avait de la place", raconte-t-il. Les autorités avaient procédé la veille au démantèlement d'un autre campement, cette fois-ci le long du canal de l'Ourcq, près de la porte de Pantin, où résidaient environ 200 à 250 personnes, selon les associations.

"La préfecture leur a proposé une mise à l'abri en CAES (centre d'accueil et d'examen des situations) en Ile-de-France, il y a aussi eu la proposition de prendre un bus en direction de Besançon. La grande majorité a choisi la mise à l'abri", a détaillé Charlotte Kwantes, porte-parole de l'association d'aide aux migrants Utopia 56. "A la différence des évacuations précédentes et même si la préfecture se refuse à dire que c'est en raison des JO, la mise à l'abri en CAES d'Ile-de-France n'est pas conditionnée, tout le monde peut y accéder", a-t-elle décrit.

"On donne des solutions temporaires dans la région parisienne pour être sûr de bien vider les rues"

"Là en seulement trois jours, on peut estimer que 500 personnes ont été évacuées. C'est sur les secteurs du quai d'Austerlitz, les bords du canal de l'Ourcq et aussi du canal Saint-Denis", selon Paul Alauzy. L'opération de démantèlement du campement installé au niveau du pont de Flandres dans le XIXe arrondissement de Paris, un quartier populaire de la capitale, s'est déroulée mercredi avec le concours d'effectifs de la gendarmerie avant que des équipes de nettoyage n'enlèvent les tentes installées le long des quais du canal. Selon des témoins, l'évacuation s'est déroulée dans "le calme".

"Il y a eu des propositions vers les SAS (Sas d'accueil temporaire) régionaux qui ont très peu été acceptées. Il y a eu plein de propositions vers ce qui s'appelle des sites tampons, des CAES (des centres d'accueil et d'études de situation) d'Ile-de-France", a expliqué Paul Alouzy. "Avant il fallait répondre à des conditions drastiques pour y accéder. Et là, tout le monde pouvait y accéder. Avant les Jeux, c'est vraiment une logique de 'on donne des solutions temporaires dans la région parisienne pour être sûr de bien vider les rues'", a-t-il complété. Les migrants délogés qui n'ont pas souhaité être orientés dans les centres hors de Paris sont partis avec pour tout bagage des sacs de couchage et des sacs de courses, selon l'AFP.

Hassem, 27 ans, Soudanais, avait élu domicile sous le Pont de Flandres depuis deux mois. "Je ne suis pas monté dans le bus parce que dans 15 jours on nous remettra à la rue. On a besoin d'un logement stable pour faire les démarches ou suivre des cours de français", assure-t-il.  "Pourquoi on se fait exclure ? Je n'ai pas fait de mal, je n'ai pas de problème. J'ai seulement besoin d'un logement stable", plaide-t-il. "On ne sait pas ce qu'on va faire ce soir", déplore-t-il. "Il y a un an on m'a emmené à Bordeaux, j'ai dormi dans un logement cinq jours puis à la rue donc je suis revenu à Paris parce que j'y connaissais des gens", relève Nassir, 34 ans, arrivé en France en 2017 depuis le Soudan en passant par la Libye et l'Italie. "Monter dans un bus pour rester que quelques jours ça me sert à rien, je ne vais pas trouver du travail", déclare-t-il.

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