Le tableau "Fuck abstraction !" vandalisé au Palais de Tokyo à Paris

Un tableau polémique de l'artiste suisse Miriam Cahn, exposé au Palais de Tokyo depuis la mi-février, a été aspergé de peinture par un individu qui a agi seul dimanche, a annoncé le musée qui compte porter plainte et a reçu le soutien de la ministre de la Culture.

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L'œuvre, controversée, représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l'artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité.

À 15h30 dimanche, un homme "a dégradé volontairement" cette œuvre "en y projetant de la peinture" mauve, malgré un "dispositif de médiation et de sécurité", a indiqué le musée à l'AFP, confirmant une information de franceinfo.

L'homme, une "personne âgée" selon une source proche du dossier, était "mécontent de la mise en scène sexuelle d'un enfant et d'un adulte représenté selon lui sur ce tableau" mais il ne fait pas partie d'un groupe activiste.

Il "a été immédiatement appréhendé par les agents de sécurité (...) et emmené par la police", ajoute le centre d'art contemporain qui "portera plainte pour dégradation de bien et entrave à la liberté d'expression".

Les associations Juristes pour l'enfance, l'Enfance en partage, Face à l'inceste et Innocence en danger, considérant le tableau pédopornographique, réclamaient son décrochage mais ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d'État.

"Le Rassemblement National a instrumentalisé ce tableau"

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a rappelé que la justice avait "confirmé que ce tableau, tel que mis en contexte, pouvait être présenté au public", dans une déclaration transmise à l'AFP après s'être rendue sur place.

"Le Rassemblement National a instrumentalisé ce tableau pour susciter la polémique et attaquer la liberté de création des artistes", a affirmé la ministre qui avait été interpellée sur le sujet en mars par la députée RN Caroline Parmentier.

"Sans cette instrumentalisation par le RN, nous n'en serions certainement pas arrivés là", a-t-elle estimé.

Dans la matinée, Emmanuel Macron a lui aussi réagi sur Twitter : "En ce 8 mai, où nous célébrons la victoire de la liberté, je condamne l’acte de vandalisme commis hier au Palais de Tokyo". Le chef de l'État poursuit en expliquant que "s’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs. En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti".

L'œuvre présentée jusqu'au 14 mai

"Nous regrettons les conséquences extrêmes de cette polémique", a pour sa part déclaré Guillaume Désanges, président du Palais de Tokyo, soucieux de "soutenir l'art (...) avec enthousiasme, conscience et responsabilité envers tous les publics".

"En accord avec l'artiste, le Palais de Tokyo continuera à présenter le tableau et l'exposition" qui a attiré 80 000 visiteurs, "avec les traces de la dégradation jusqu'à la fin prévue de la saison, le 14 mai", précise le communiqué.

Source : AFP

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