Un terrain de pétanque situé sur la butte Montmartre, va passer sous le contrôle du directeur de l'Hôtel particulier qui promet de l'ouvrir au public et de le végétaliser. La décision a été prise ce jeudi par le Conseil de Paris. L'association de pétanque qui l'occupe conteste et entend saisir le tribunal administratif.
Sur la Butte Montmatre, le sort de ce terrain de 765 mètres carrés, occupé par un club de pétanque, suscitait, depuis des semaines, de la discorde et des convoitises.
Ce jeudi, le Conseil de Paris a tranché. L'assemblée, divisée, a attribué cet espace vert protégé à un projet porté par trois personnes dont le directeur de l'Hôtel Particulier, un établissement situé à côté, au détriment de l'offre proposée par le Clap, le Club Lepic Abbesses Pétanque. L'association revendique l'occupation de ce terrain depuis 50 ans et le plus grand nombre de licenciés à Paris mais ne détient pas de titre de propriété de ce site dans le 18e arrondissement de Paris.
Désormais, les services de la mairie de Paris ont un mois pour proposer une convention aux porteurs du projet vainqueur qui fixera la durée de l'occupation (entre 7 et 12 ans) ainsi que les revendications du syndic de propriété (le terrain est situé à côté d'immeubles) et de demandes de boulistes qui souhaitent continuer à pratiquer leur sport.
Pour l'adjointe (PS) chargée du commerce, Olivia Polski, le directeur de l'Hôtel Particulier a présenté l'offre "la mieux disante" : le club de pétanque proposait un effort "minimaliste" de végétalisation, l'hôtel prévoit lui "l'augmentation des espaces verts en pleine terre de 320m²" de ce morceau de l'ancien maquis de Montmartre", souligne-t-elle.
Le projet du directeur de l'hôtel promet en outre une "ouverture gratuite du site au public et aux écoles", là où le club était critiqué pour laisser sa porte fermée, et ses horaires "permettront d'assurer la tranquillité des riverains", qui se plaignaient des nuisances sonores des boulistes, a ajouté Mme Polski. Enfin, le directeur de l'hôtel a présenté un "modèle financier garantissant la pérennité de l'espace vert public", selon l'adjointe.
La décision du Conseil de Paris met un terme, de facto, aux activités du Clap, organisées sur huit terrains de pétanque. L'association se mobilisait depuis plusieurs semaines pour défendre son dossier.
"Notre combat ne fait que commencer"
"On est consterné ( ..) mais on s'y attendait, notre combat ne fait que commencer !", avertit Maxime Liogier, membre du CLAP et responsable de la communication du club. "On va contester devant le tribunal administratif ", affirme-t-il en rappelant l'historique du club dans le quartier : "ça fait 50 ans qu'on est là, on est considéré comme des parias et j'aimerais bien savoir, si on est des squatters, pourquoi la mairie ne nous a pas viré avant !".
Le projet annoncé par le Conseil de Paris ne convainc pas non plus les écologistes, qui ont reproché à leurs alliés socialistes, par la voix d'Emile Meunier, de "confier en gestion à un hôtel-restaurant de luxe le dernier petit espace vert et sportif gratuit de Montmartre".
"Paris, ce n'est pas que des hôtels de luxe, des bars-restaurants où on prend des cafés à 5 euros", a abondé Laurent Sorel (LFI), soulignant la rareté des "lieux de convivialité".
Les boulistes du Clap "ont, au fond, protégé" cette "place de village", a fait valoir Pierre-Yves Bournazel (Horizons), qui a également voté contre, alors que l'opposition de droite et les communistes ont voté pour mais souligné leur "vigilance".