Vent de colère sur la butte Montmartre. Le club de pétanque local, le CLAP, qui occupe un terrain de 765 m², est menacé d'expulsion. Mais un des porteurs de projet concurrent affirme vouloir garder les terrains de pétanque et en faire "le plus beau jardin de Paris".
Si les boules ne volent pas encore, ce n'est pas le cas des noms d'oiseau. La tension est bien palpable entre certains riverains de Montmartre. À quelques pas du Sacré-Cœur très prisé des touristes se joue une bataille pour le contrôle d'une parcelle de 765 m² où se situent 9 terrains de pétanque.
Actuellement, le terrain est géré par l'association CLAP, le Club Lepic Abbesses Pétanque, et ce depuis 1971. La mairie de Paris a lancé un récent "appel à manifestation d'intérêt concurrent" pour reprendre en main ce lieu. L'association de boulistes se sent en danger et a lancé une pétition pour sa survie.
"On espère que les élus du 18e vont entendre raison et arrêter ce qui est pour nous une mascarade", s'exclame Maxime Liogier, directeur de la communication de l'association CLAP.
Le dossier est désormais entre les mains du Conseil d'arrondissement ce lundi puis d'un vote des élus du Conseil de Paris la semaine du 3 juillet. Le CLAP a d'ailleurs appelé ses membres à se réunir sur le parvis de la mairie du 18e ce lundi en fin d'après-midi pour protester contre la menace d'expulsion.
"Ce n'est pas un dossier commercial"
À l’appui de leurs demandes, le CLAP rappelle que le club a plus de 50 ans d'histoire. "Nous sommes 300 membres, c'est beaucoup. C'est le plus gros club de pétanque de Paris", poursuit M. Liogier.
Ce dernier dénonce le projet du principal concurrent, celui de L'Hôtel Particulier, un hôtel de luxe situé à Montmartre et qui prévoit notamment de reprendre les terrains de pétanque mais de les réduire.
"Je ne sais pas comment on peut continuer à faire vivre le club sur six terrains qu'ils veulent d'ailleurs rétrécir à 9 mètres de longueur, alors que l'on sait très bien que pour jouer à la pétanque, il faut minimum un terrain de 10 mètres. Il ne faut pas oublier que l'Hôtel Particulier, c'est un établissement privé !", affirme Maxime Liogier.
De son côté, Oscar Comtet, directeur de l'Hôtel Particulier et co-auteur du projet "Maquis de la Sourcière" dément catégoriquement avoir proposé un projet à but commercial : "ce n'est pas un dossier commercial parce que la commercialité est inexistante sur le terrain, on ne peut pas faire de projet commercial."
Ce dernier explique avoir déposé un projet avec deux associés en leur nom propre et réfute vouloir en faire une extension de l'hôtel. "Nous avons pour objectif de devenir le plus beau jardin de Paris sous 3 ans", défend cet habitant de Montmartre et directeur de l'Hôtel Particulier.
Aménagement en parc type Albert Kahn (à Boulogne-Billancourt), installation de deux étangs pour réintroduire des espèces endémiques et surtout, ouverture au public, sont les maîtres-mots de ce projet. "Nous avons même une partie des membres du CLAP qui nous soutient !", avance le dirigeant.
Menaces et plaintes
Mais depuis qu'il a été retenu comme étant le favori par la mairie de Paris, Oscar Comtet et ses deux porteurs de projet sont régulièrement l'objet de menaces.
"On me demande d'enlever mon dossier, j'ai dû déposer plusieurs plaintes ! Tout le monde a un peu la trouille. J'ai des voisins qui ont fait des attestations en nuisances et sont revenus sur leur dire à cause de ces menaces", détaille Oscar Comtet.
Du côté de la mairie de 18e arrondissement et de la mairie de Paris, le silence est perceptible. Contactés, ils n'ont pas répondu à nos sollicitations.