Les 50 ans de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle : L'œuvre de Paul Andreu, l'architecte du terminal 1, dévoilée à la Cité de l'architecture et du patrimoine

Paul Andreu est l'une des figures majeures de la scène architecturale internationale dans la seconde moitié du 20e siècle. Il est le père de l'aérogare circulaire de Roissy-Charles-de-Gaulle, le terminal 1. Ses maquettes et ses carnets de croquis sont présentés à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'aéroport.

"Ce que nous appelons le puits central de Roissy est devenu l'origine de mon travail. Il introduit la lumière et la poésie. Il est un symbole de passage, une métaphore de la naissance", écrit Paul Andreu (1938-2018) au sujet de son œuvre de jeunesse, la mythique aérogare 1 de Roissy-Charles de Gaulle qui fête cette année ses 50 ans d'existence.

En 1967, Paul Andreu a tout juste 29 ans et se voit confier par l'établissement public, "l'Aéroport de Paris" la construction de la nouvelle aérogare de Paris-Nord, le futur aéroport de Roissy.

Paul Andreu, formé à l'Ecole polytechnique, passé par les Ponts et Chaussées, diplômé de l'Ecole des beaux-arts, n'a pourtant aucune grande expérience architecturale. Inspiré par l'œuvre d'Eero Saarinen, architecte de l'aéroport international de Washington-Dulles, le jeune ingénieur entouré de son équipe, projette une aérogare circulaire. Exactement le contre-pied de ce que présente formellement l'aéroport d'Orly avec sa façade rectiligne.

L'aérogare est un vaste disque opaque de 190 mètres de diamètre. II est l'épicentre d'un projet architectural inédit. Un édifice où les passagers arrivent, se croisent, et s'échappent vers des constructions satellitaires qui encerclent le corps central. 

Paul Andreu s’est inspiré du mythe d'Icare pour "concevoir une véritable expérience architecturale et qui nous prépare à l'envol", explique Stéphanie Quantin-Biancalani, commissaire de l'exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

Personne n'oublie une traversée de Roissy.

Stéphanie Quantin-Biancalani, commissaire de l'exposition

"Il y a un vrai parcours avec une ascension, des séquences architecturales qui dramatisent l'expérience du voyageur, avec cette traversée du vide centrale d'une part où on aperçoit le ciel puis une deuxième séquence, dans les galeries souterraines à l’issue desquelles le voyageur arrive, après une toute dernière ascension, dans des satellites entièrement baignés de lumière", ajoute Stéphanie Quantin-Biancalani. 

Un dessin pour chaque œuvre

L'aérogare 1 de Roissy est l'œuvre de fondation de Paul Andreu. Ingénieur et créateur, l'architecte récuse l'héritage du fonctionnalisme. "Ses créations d'aérogares ne sont pas des boîtes à chaussures ( ...) pour Paul Andreu, l'architecture est un art", résume la commissaire de l'exposition.

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Quand Paul Andreu conçoit un projet architectural, il le dessine d'abord. À la manière des artistes de la Renaissance. L'exposition présente 69 carnets de dessins qui témoignent du processus de création de l'architecte, de son évolution au cours de sa carrière, des thèmes qui lui sont chers. 

Les dessins des carnets sont la trace la plus intime de mon travail.

Paul Andreu

Dans ces carnets, "on y voit la jeunesse de ses principaux projets architecturaux et un certain nombre de thèmes sont récurrents. Il y a cette question du rapport à la terre. On voit le motif du volcan qui revient très souvent de l'ancrage terrestre, mais aussi cette question de l'envol à travers des expressions assez littérales comme des toitures très aériennes ou des modèles qui évoquent, par exemple, des oiseaux", analyse Stéphanie Quantin-Biancalani.

Place à lumière

Lors de l'inauguration en 1974 de l'aérogare "érigée en symbole des Trentes glorieuses", Paul Andreu a déjà esquissé d'autres croquis qui inspireront la création de l'aérogare 2. La fréquentation de l'aéroport s'envole et cette croissance du trafic nécessite la création d'un plan architectural différent, plus ouvert, plus linéaire.

À la fin des années 80, en collaboration avec l'ingénieur Peter Rice, Paul Andreu travaille sur l'intégration de la lumière dans ces œuvres architecturales. Les structures s'affinent, les "nappes de verres diffusent une lumière dense."

"Dans le hall F de l'aérogare 2 livré à la fin des années 90, qui est l'une de ses collaborations majeures avec Peter Ice, le parcours du voyageur se termine par cette grande péninsule entièrement vitrée qui fonctionne comme une cage de verre", précise la commissaire de l'exposition. "L'idée, c'est vraiment de travailler sur la paroi de verre pour créer des ambiances lumineuses qui reproduisent la lumière traversant les nuages. Donc une lumière floue instable qui vient brouiller la frontière entre l'intérieur et l'extérieur", ajoute-t-elle.

Un legs international 

Pendant 40 ans, Paul Andreu au sein d'Aéroports de Paris a créé une vingtaine d'aéroports et bien d'autres œuvres. Son expertise s'est imposée sur la scène internationale : à Abu Dhabi, à Djakarta, à Dar es Salam, au Caire.

En Chine dans les années 2000, il remporte un concours et répond à une commande d'Etat qui le mènera à concevoir l'opéra de Pékin. "Pékin c'est le tout premier chantier étatique qui est attribué un architecte étranger. Il a tracé un chemin ( .. )  Pékin a ouvert la voie à plein d'architectes étrangers en Chine", souligne Stéphanie Quantin-Biancalani

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