Environ 15% des voûtes de l'édifice se sont effondrées ou ont été endommagées lors de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il y a trois ans, le 15 avril 2019.
Petit à petit, le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris avance. Presque trois ans jour pour jour après l'incendie qui a ravagé l'emblématique édifice parisien, les ouvriers vont s'atteler à reconstruire les voutes endommagées.
Notamment celles qui supportaient la flèche de la cathédrale et une partie de la charpente qui a brûlé. Ces "dommages importants" nécessitent "des pierres neuves, compatibles avec le monument, dans des quantités plus importantes que celles nécessaires aux travaux ordinaires d’entretien et de restauration des monuments historiques", explique un communiqué de l'Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale.
Ainsi, ce sont 1000 m³ de blocs de pierre qui sont nécessaire dont 150 m³ juste pour les voûtes.
Pierres rares
Il n'a pas été facile de trouver des carrières permettant une restauration à l'identique. Car à l'époque de la construction de Notre-Dame, il y a un millénaire, les pierres étaient "extraites du sous-sol parisien, principalement en galeries souterraines", explique l'Établissement public. Les pierres datent de l’âge lutétien, c'est-à-dire formées à partir de sédiments datant de plus de 40 millions d'années. Ces roches ont été massivement utilisées pour la construction du Paris moderne par Georges Eugène Haussmann au XIXe siècle.
"Cette formation affleure en de nombreux secteurs du Bassin parisien – plus grand des trois bassins sédimentaires français, il couvre la majorité de la moitié nord de la France avec une superficie de 110 000 km² environ – et se trouve encore aujourd’hui exploitée au nord de Paris pour la fourniture de pierre de construction, dans neuf carrières souterraines ou à ciel ouvert, situées dans les départements de l’Oise et de l’Aisne", poursuit l'Établissement public.
Pour Notre-Dame, seule une carrière, celle de La Croix-Huyart, située à Bonneuil-en-Valois dans l’Oise, a répondu à toutes les exigences : "La spécificité de cette carrière, c'est aussi de pouvoir sortir des gros blocs. D'autres carrières, dans les mêmes terrains géologiques, il y en a 8 autres dans l'Oise et dans l'Aisne, mais ce sont des pierres plus tendres", indique David Dessandier du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Emmanuel Macron va visiter le chantier
Car à Notre-Dame "il y a une trentaine de types de pierres différentes parce que le monument a subi plusieurs périodes de construction : au Moyen-Âge, à celle de Viollet-Le-Duc. Les types de pierres dépendent aussi des endroits où elles se trouvent", raconte Marie-Catherine Beaufeïst, architecte du patrimoine.
La recherche de pierres dites "de remplacement" était nécessaire pour ce chantier. Car lors de la restauration de la cathédrale entamée par Viollet-Le-Duc au XIXe siècle, des pierres dites "de substitution" ont été utilisées. Ces dernières appartiennent "à d’autres formations géologiques que le Lutétien et [sont] issues depuis d’autres bassins français d’extraction, dont celui couvrant la Bourgogne notamment. Il est désormais avéré que l’emploi de pierres exogènes pose à terme des problèmes de conservation des parements", affirme l'Établissement public.
L'objectif, revu à la baisse, est de rendre le monument au culte pour le 16 avril 2024, jour où doit être de nouveau célébrée une première messe dans la nef.
En pleine campagne pour le second tour, Emmanuel Macron va inspecter le chantier de la cathédrale ce vendredi, trois ans jour pour jour après l'incendie de la cathédrale, le 15 avril 2019. "Cette visite sera l'occasion pour le chef de l'État de faire le point sur l'avancée du chantier et d'échanger avec les compagnons et les entreprises" qui s'emploient à la reconstruction du monument, a précisé l'Élysée.
Causes de l'incendie toujours inconnues
Pourquoi la cathédrale a brûlé ? À cette question, les investigations n'ont toujours pas permis d'établir avec certitude la cause de l'incendie. Ce mercredi, une source judiciaire a indiqué à l'AFP que "les hypothèses d'une intervention humaine volontaire ou d'un dysfonctionnement électrique, si elles ne sont pas privilégiées, ne peuvent être totalement écartées avec certitude à ce stade des investigations."
"Celles de l'imprudence d'un fumeur ou d'une imprudence de chantier par utilisation d'un outil générateur d'étincelles notamment restent également à l'étude", a ajouté cette source pour qui l'incendie était "accidentel à 99%", tout en ajoutant : "On ne saura sans doute jamais la cause du départ du feu".