Après l’incendie qui a détruit une partie de la mairie du 12e arrondissement dans la nuit de dimanche à lundi, le démontage du beffroi a débuté ce mardi. Une intervention rendue périlleuse par la pluie et le vent soufflant sur la capitale.
C’est une opération délicate qui a débuté cet après-midi à la mairie du 12e arrondissement de Paris. Une course contre-la-montre… Et contre les éléments, entre les averses et les rafales. Juchés sur deux nacelles à 36 mètres de hauteur et à l’aide d’une immense grue, des ouvriers ont entrepris de démonter morceau par morceau le beffroi calciné.
ll s'agit d'"une opération assez simple", en fonction des conditions météorologiques, en "quatre étapes" qui devrait s'achever "mercredi prochain", explique Nicolas Mayeur, architecte en chef du service de sécurité de la préfecture de police. Il faut retirer "cette épée de Damoclès", lourde de "plusieurs dizaines de tonnes", pour sécuriser le bâtiment datant de la fin du XIXe siècle et "permettre plus rapidement sa réouverture au public", poursuit-il.
Une intervention scrutée par Jean-Pierre, né dans le quartier il y a 76 ans. Venu constater l’ampleur des dégâts causés par l’incendie, le retraité a sorti son appareil photo. "Quand on voit des monuments comme ça disparaître, ça fait de la peine. Les ravages sont impressionnants. Ils vont être obligés de démonter le beffroi, pièce par pièce. C’est un sacré boulot, car avec le vent qui continue de souffler, ça peut tomber."
Pour éviter des accidents, avec l’éventuelle chute d’éléments de la toiture ou du belvédère, des grilles ont été installées dès hier autour du parvis de la mairie, fermée jusqu’à nouvel ordre. Un périmètre de sécurité qui comprend un tronçon de la rue de Charenton, interdite à la circulation.
Un peu à l'écart, sur le trottoir, des petits groupes se forment, des riverains pour la plupart. "On voit qu’une partie du dôme a brûlé. Et que ce qu’il en reste est retiré sans peine", constate Pascal, 67 ans qui scrute les techniciens à l'œuvre. "C’est rongé. Il n’y a rien de récupérable. Est-ce qu’ils vont refaire le beffroi à l’identique ? Je l’espère, car il faisait partie de l’identité du quartier et de Paris en général", poursuit sa femme Régine, 66 ans.
Un sinistre qui n’est pas sans rappeler celui qu’a connu la cathédrale Notre-Dame en 2019. Dont la reconstruction en cinq ans a impressionné le monde entier. Or, la mairie du 12e arrondissement, construite en 1876 dans des styles Renaissance, Louis XIII et Louis XIV, n’est pas classée au titre des Monuments historiques. D’où l’inquiétude de certains habitants quant à sa potentielle restauration à l'identique. "C’est beaucoup plus abîmé que ce que je pensais, commente Marie-France, 76 ans, une voisine très attachée à sa mairie, le lieu où elle s’est mariée. Ça va être long à faire et à défaire. J’espère qu’il y aura les financements." Une interrogation partagée par Frédéric, 62 ans. "C’est un bel édifice, mais les travaux risquent de coûter des millions d’euros. J’ai l’impression que malgré Notre-Dame, on n’a rien appris. J’aurais préféré qu’on dépense de l’argent dans un audit et quelques extincteurs."
"Il n'y a pas de risque d’effondrement"
Contrainte de déménager dans la mairie du XIe, qui accueille provisoirement les services administratifs du 12e, la maire (EELV) Emmanuelle Pierre-Marie, se veut de son côté rassurante. "Les pompiers ont passé toute la nuit ici pour surveiller le bâtiment. Il n'y a pas de risque d’effondrement, comme on le craignait au début. Les pierres et le socle en bois sont fiables. Mais il y a une fragilité de la flèche et par conséquent un risque de basculement. Il y a donc un démontage progressif, une intervention de grande ampleur, très minutieuse." L'élue a d'ores et déjà fait savoir qu'elle tenait à ce que le belvédère soit reconstruit à l’identique et que la cloche provenant de Villedieu-les-Poêles soit restaurée.
En attendant, l'enquête se poursuit pour déterminer les causes du sinistre. Selon le parquet de Paris, rien ne laisse penser à ce stade à un incendie volontaire. Les recherches sur les causes de l’incendie doivent notamment étudier les conditions de sécurité des travaux de réfection de la toiture et dispositif électrique du bâtiment.