Les VTC en colère face à la flambée du prix des carburants : "On a des chauffeurs en détresse"

Les VTC se mobilisent pour demander des aides face à la hausse du prix des carburants. Un rassemblement a eu lieu ce lundi à Paris.

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"VTC en colère", peut-on lire sur l’une des voitures garées ce lundi place de la Nation, au cours de la manifestation organisée par l’Intersyndicale Nationale VTC (INV). Alors que les chauffeurs ne bénéficieront pas d’une aide spécifique dans le cadre du plan de résilience du gouvernement, Brahim Ben Ali dénonce "une inégalité de traitement".

"On subit depuis des années une détérioration des conditions de travail dans notre profession, déplore le secrétaire de l’INV. C’est notre outil de travail, qu’on utilise 15 heures par jour. On n’a pas la possibilité de pallier la hausse du carburant. On a une augmentation de 450 euros par mois sur notre budget carburant."

"Il y a un énorme turnover dans notre secteur, poursuit-il. Des chauffeurs ont cessé leur activité parce qu’ils n’arrivent plus à payer leurs créanciers, et à subvenir aux besoins de leur famille. On a des chauffeurs en détresse. Et très peu de candidats à l’élection présidentielle en parlent, à part Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise et la députée européenne Leïla Chaibi."

Brahim Ben Ali appelle à taxer les plateformes numériques, et demande la mise en place d’une taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) : "On fait du transport de personnes. Logiquement on devrait avoir la détaxation du carburant, on ne l’a pas. Là, en urgence, il faudrait un chèque énergie évolutif, qui serait attribué selon la hausse du carburant."

"C’est du jamais-vu"

De son côté, l’Association des VTC de France (AVF) n’appelle pas à manifester. "On ne se joint pas aux rassemblements mais on respecte ceux qui y participent. On a toujours prôné le dialogue, on reste sur notre ligne de conduite", explique Arnaud Desmettre, secrétaire général de l'association.

Lui-même VTC depuis 2016, il dénonce "une situation catastrophique pour tous les artisans" : "C’est du jamais-vu. En moyenne un VTC roule entre 250 et 400 km par jour. Pour prendre l’exemple d’une berline traditionnelle, avec en moyenne un plein de 60 litres tous les deux jours, on est passé de 100 euros à 140, voire 150 euros le plein aujourd’hui, selon les pompes. C’est une sacrée augmentation. Certains sortent leur véhicule le moins possible, uniquement pour les courses valables."

Si les VTC ne sont pas concernés par le plan de résilience, ils bénéficieront - comme tous les Français -  de la remise de 18 centimes par litre de carburant à partir du 1er avril. "Des mesurettes qui ne conviennent pas" selon Arnaud Desmettre : "Beaucoup de VTC risquent de fermer boutique et de changer de métier. Si le gouvernement n’agit pas, on n’y arrivera pas."

Quels "efforts" des plateformes comme Uber, Heetch ou Bolt ?

Le secrétaire général de l’AVF dénonce des taxes trop élevées sur les carburants. "L’Etat touche beaucoup d’argent. On a déjà eu la loi carbone qui a fait énormément de mal. Et on nous surine pour qu'on passe à des véhicules verts, électriques ou hybrides, qui coûtent plus cher", déplore par ailleurs Arnaud Desmettre, qui espère être reçu prochainement par le gouvernement avec le collectif Paris Mobilités, qui regroupe également les principales plateformes.

"La seule solution qu’on a trouvée, c’est d’augmenter légèrement les tarifs. Mais pour les VTC sur application, c’est plus compliqué, ce ne sont pas eux qui décident", ajoute-t-il. Face aux décisions prises par les plateformes, Arnaud Desmettre est partagé : "Trois plateformes ont fait un effort. Bolt a augmenté le prix réel des courses, ça semble être la meilleure idée. Avant ça, Heetch et Uber ont aussi annoncé une hausse des courses, respectivement 1 euro et 75 centimes. Mais ce n’est pas clair si on parle du prix global, d’une prime, avec ou sans TVA… Quand on sait qu’Uber prend 25% de commission, il ne faut pas que ce soit une mesurette comme le gouvernement. On est en train de discuter."

Quant à la mobilisation initiée par l’INV, cinq autres villes sont concernées au-delà de Paris : Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse et Nantes. Un deuxième rassemblement statique est prévu mardi, place Vauban dans le VIIe arrondissement à Paris.

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