Lou est décédée fin décembre d'une septicémie. Les chirurgiens n'ont pas pu la sauver, faute d'une prise en charge à temps. Pourtant, la petite fille avait été amenée plusieurs fois aux urgences de l'hôpital Necker alors qu'elle souffrait. Aujourd'hui, sa mère dénonce une négligence intolérable.
C'était une petite fille joyeuse, pleine de vie. Une très bonne élève avec un sacré caractère. Courageuse aussi. Lou est morte d'une septicémie le 22 décembre dernier à l'hôpital Necker. Sa mère, Stéphanie, se confie.
Plusieurs jours d'affilée, Lou patiente pendant des heures dans la salle d'attente de l'hôpital Necker, tordue de douleur. Plusieurs fois, elle est renvoyée chez elle, avec du doliprane. "Elle est très très mal. Plusieurs parents la regardent d'ailleurs car on voit qu'elle souffre. Et malgré ça, pour une raison que je ne comprend pas, on attend au moins quatre ou cinq heures." Pourtant, les parents insistent. En ville, un médecin leur a prescrit une imagerie médicale. "On écoute pas le patient, on écoute pas la douleur. On écoute pas le parent qui connaît par coeur son enfant." Quand on diagnostique enfin une péritonite, une urgence vitale, il va se passer encore six heures avant qu'elle ne soit opérée.J'ai assisté à l'agonie de ma propre fille dans une impuissance la plus totale. Je suis retournée plusieurs fois aux urgences. Pendant quatre jours, j'ai sollicité l'aide des médecins pour la soulager et ça n'a pas été fait.
Quand elle est arrivée au bloc, c'était tellement dégradé... Lou avait fait une torsion intestinale qui avait fini par gangréner. Il faut à peu près 4 jours pour qu'un organe gangréne. Vous imaginez ? Entre le premier et le quatrième jour, son intestin s'est nécrosé, ce qui signifie des douleurs indescriptibles.
"Il faut un plan Marshall des urgences"
Pour les parents de Lou, il y a eu une véritable négligence et une incompétence des médecins, pourtant seniors. "Ils ont quand même diagnostiqué une angine au départ ! Dans un hôpital qui est pourtant une référence mondiale. C'est grave !" A cela s'ajoute, selon cette mère de famille, "un contexte général de déliquescence des hôpitaux et en particulier de l'accueil aux urgences... Manque de lits, manque de personnels, manque de moyens, c'est pas possible, déplore Stéphanie. Et en bout de chaîne, il y a ma fille qui est le symbole de cet énorme problème hospitalier."Un point de vue que partagent certaines associations de défense des patients. "Il y a un vrai problème des urgences et il n'est pas propre à Necker, constate Claude Rambaud, vice-présidente de l'association "Le lien". Il est propre à tous les hôpitaux qui font de l'accueil urgences en France. C'est un problème qui a grandi progressivement au fil des années. Et aujourd'hui, cela nécessite des mesures très importantes. Une sorte de "plan Marshall" des urgences. On ne peut plus continuer comme ça."
L'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) indique q'une rencontre avec les chefs de service de l’hôpital Necker a été proposée. Les parents de Lou attendent de recevoir toutes les pièces du dossier médical de leur fille avant cette médiation et se réservent la possibilité de porter plainte. Depuis le décès de leur fille, ils ont reçu des beaucoup messages de soutien mais aussi "des centaines de témoignages accablants".
Le 8 janvier dernier, Lou aurait dû avoir 12 ans.