Des centaines d'étudiants de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont pris possession du campus de Tolbiac, dans le 13ème arrondissement. Ils se mobilisent contre la réforme des retraites et l'usage du 49.3. La présidence de l'établissement constate "d'importantes dégradations".
"Travaillons à les détruire". C'est l'un des nombreux tags que l'on peut lire sur les murs d'un des amphithéâtres du campus Pierre Mendès France (dit Tolbiac) de l'université Paris 1 Sorbonne, occupée depuis le début d'après-midi par une centaine d'étudiants. En plein vote des motions de censure à l'Assemblée nationale, ils contestent la réforme des retraites.
L'occupation "jusqu'à nouvel ordre"
Réunis à la mi-journée en assemblée générale, les étudiants - un millier, selon certains portes-parole - ont voté l'occupation du centre situé dans le 13ème arrondissement."Nous avons choisi l'occupation jusqu'à nouvel ordre", indique Félix, un étudiant de 21 ans, en master de géographie à Paris 1. Pour l'heure, 3 amphithéâtres sur les 5 du campus sont occupés, selon le jeune homme.
Pour Hortense, en L2 de philosophie-histoire, c'est la première mobilisation de cette ampleur. "Pour le moment, ça se passe bien", dit-elle. "Il y a beaucoup d'étudiants qui participaient pour la première fois". Du haut de ses 20 ans, la jeune fille décrit une ambiance "joyeuse" et des slogans chantés à tue-tête, comme "même si Macron ne veut pas, nous on est là".
Celle qui est aussi engagée au NPA-jeunes l'annonce : "une partie des étudiants va passer la nuit ici !". "Ça va être un peu spartiate, mais on a fait des courses, donc on a ce qu'il faut", se réjouit-elle.
Raison de la mobilisation, l'opposition des étudiants à la réforme des retraites, et au déclenchement jeudi de l'article 49.3 par la Première ministre Élisabeth Borne pour faire adopter le texte sans vote."Comme Macron a usé de tous les moyens pour passer en force, on va user de tous les moyens pour bloquer le pays, et donc les universités", met en garde Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat étudiant L'Alternative.
Contactée, la présidence de l'université constate de son côté "d'importantes dégradations, en raison de l'intrusion de personnes extérieures à l'établissement".
"Cortège sauvage" place de la Sorbonne, des CRS à Tolbiac
Plusieurs fourgons de CRS sont positionnés à l'extérieur du centre Tolbiac, indique la préfecture de police de Paris à France 3 Paris-Île-de-France, confirmant des informations de l'AFP.
Une source policière a quant à elle confirmé que la progression d'un "cortège sauvage" a été stoppée "sur la voie publique, dans le 13e", sans toutefois détailler si des interpellations ont eu lieu.
Des réseaux étudiants avaient parallèlement appelé dans des boucles WhatsApp à un rassemblement non autorisé sur la place de La Sorbonne (5e arrondissement). À 16h45, la place avait été vidée de la majorité des manifestants.
"Dans toutes les universités en France, ça monte, on passe un cap", a également estimé Eléonore Schmitt. "On se met en lien avec tous les travailleurs en grève pour les rejoindre sur les piquets", a-t-elle ajouté.
À 18h00, une autre réunion interuniversitaire est annoncée pour décider si « Tolbiac devient le centre névralgique de la contestation étudiante », a décidé l'assemblée générale.
Vers d'autres mobilisations ?
Pour l'heure, 53 universités sont mobilisées partout dans le pays, indique Éléonore Schmitt. "On les laisse choisir le mode d'action qu'ils préfèrent : le blocage, le barrage filtrant, comme à Jussieu" (université Paris 4, NDLR).
Les étudiants se sont dits déterminés à l'idée de rejoindre "tous les rassemblements prévus aujourd'hui (lundi) et dans les jours à venir" pour dénoncer la réforme du gouvernement.
Ce soir, une assemblée générale est également prévue au sein du centre Censier de l'université Paris 3 (Sorbonne Nouvelle), dans le 5ème arrondissement de la capitale.
Mardi, une marche étudiante doit rallier l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, un des sites occupés par des éboueurs et des agents de propreté en grève, à la gare d'Austerlitz via Tolbiac.
Lundi en fin d'après-midi, deux motions de censure déposées contre le gouvernement d'Elisabeth Borne seront soumises au vote des députés. Si elles n'obtiennent pas la majorité absolue, la réforme des retraites sera définitivement adoptée, malgré la contestation.
