Plus d'un millier de taxis partis à 08H00 des aéroports parisiens ont convergé à petite vitesse dans l'après-midi sur le Champ-de-Mars, dans le centre de Paris, pour dire "non à la mort programmée du taxi".
Leur première journée, il y a un mois, le 13 janvier, avait connu une mobilisation en demie-teinte. La seconde, ce lundi 11 février, est une démonstration sinon de force, au moins du niveau de mécontentement et de désarroi de la profession.
Selon les directions des aéroports, quelque 800 taxis ont pris part à l'opération escargot menée depuis Roissy et 300 à Orly. Selon les syndicats (CFDT, CGT, FO, SDCTP et CST), 5.000 à 6.000 taxis, dont une partie a rejoint directement le Champ-de-Mars, se sont mobilisés lundi 11 février, deux fois plus que le 13 janvier au vu des estimations des organisateurs. Et cette fois, la journée s'est déroulée sans incident.
En début d'après-midi, près de 200 taxis étaient rassemblés au lieu de rencontre, derrière le Champ-de-Mars.
Des cortèges étaient bloqués à Porte de Clignancourt et Saint-Denis, alors que ceux d'Orly commençaient à arriver à la mi journée, a expliqué Abdel Ghalfi, de la CFDT. La banderole principale des cortèges proclamait : "Non à la mort programmée du taxi, ni Uber, ni Transdev (ne) remplaceront les successeurs des taxis de la Marne".
Longtemps protégée, la profession est de plus en plus concurrencée par les motos-taxis et les sociétés de voitures de tourisme avec chauffeur, qui ne peuvent travailler que sur réservation mais que les taxis accusent de prendre des clients à la volée."Ils racolent aux aéroports", accusent les taxis.
L'enregistrement d'un véhicule de VTC ne coûte que 100 euros alors que les licences des taxis (à 80% artisans et propriétaires de leurs licences) se négocient autour de 230.000 euros à Paris.
L'assouplissement de la législation en 2009 a favorisé la multiplication des VTC, qui ont gagné mercredi dernier une nouvelle partie en obtenant la suspension du décret leur imposant un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge du client.Cette décision provisoire du Conseil d'Etat a attisé la colère des syndicats qui jugeaient de toute façon ce décret insuffisamment protecteur.
"On demande aux autorités d'arrêter les créations de VTC jusqu'à ce que la situation soit clarifiée", a répondu Nordine Dahmane (FO).
Les syndicats réclament l'interdiction des applications de réservation de VTC sur smartphone, un délai de réservation minimum de 30 minutes et des courses d'un montant de 60 euros a minima.
Malgré l'augmentation des licences distribuées ces dernières années par l'administration, les taxis restent peu nombreux dans le pays: quelque 55.000 dans l'hexagone, dont environ 20.000 à Paris. Parallèlement, fin 2013, on recensait 6.500 entreprises de VTC (dont la moitié en Ile-de-France) exploitant quelque 12.400 véhicules.