Néonicotinoïdes : quels sont ces pesticides dont l’interdiction est dénoncée par des agriculteurs ?

Plus de 2000 agriculteurs ont défilé ce mercredi dans les rues de Paris, avec des centaines de tracteurs. Au cœur des revendications : l'usage des insecticides néonicotinoïdes.

Plusieurs centaines de tracteurs sont entrées dans Paris ce mercredi matin, en se donnant rendez-vous près de la porte de Versailles, où le Salon international de l’Agriculture est prévu fin février. Les manifestants, qui ont défilé à l’appel de la FNSEA, le premier syndicat agricole, se sont ensuite dirigés vers les Invalides, devant le ministère de l’Agriculture. Sur place, ils ont installé des cargaisons et des conteneurs, pour symboliser selon eux les productions en péril et les importations à venir.

Les betteraviers et céréaliers présents dénoncent notamment les restrictions d'usage des pesticides. A l’origine de l’action : la décision du gouvernement le 23 janvier de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, à la suite d'une décision de la Cour de justice de l'Union Européenne.

"Le président Macron nous a dit droit dans les yeux : 'Il n’y aura pas d’interdiction sans solutions'. L'agriculture doit produire, il faut assurer la souveraineté alimentaire. Depuis deux-trois ans, c’est tout le contraire. On se voit supprimer un à un nos moyens de production", dénonce Cyrille Millard, secrétaire général FDSEA 77.

Les néonicotinoïdes, des substances toxiques pour les abeilles

Apparus dans les années 1990, les néonicotinoïdes protègent les betteraves de la jaunisse : une maladie transmise par les pucerons verts, qui fait baisser les rendements. Ces pesticides s'attaquent au système nerveux des insectes, donc des pollinisateurs. Même à faible dose, les néonicotinoïdes perturbent le sens de l'orientation des abeilles et bourdons, qui ne retrouvent plus leur ruche. Les insecticides, qui altèrent également le sperme des mâles, sont accusés de contribuer au déclin mondial des pollinisateurs.

L'UE a interdit depuis 2018 l'usage en plein champ de trois néonicotinoïdes : le clothianidine, le thiaméthoxame et l’imidaclopride. Mi-janvier, la Cour de justice de l'UE a jugé illégales les dérogations adoptées par une dizaine d'Etats membres pour continuer d'autoriser les betteraviers à utiliser de façon préventive des néonicotinoïdes dans l'enrobage des semences. En France, ils bénéficiaient d'une dérogation depuis deux ans.

Jeudi dernier, la Commission européenne a aussi adopté des règles qui abaissent les limites autorisées pour la présence résiduelle dans les aliments de deux néonicotinoïdes : le clothianidine et le thiaméthoxame. Des limites qui s'appliqueront à tous les aliments produits dans l'UE, mais également aux importations de produits alimentaires et d'aliments pour animaux à partir de 2026.

"Il n'y a aucun risque pour la souveraineté alimentaire si on interdit les néonicotinoïdes", selon la Confédération paysanne

La Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, a affirmé avoir proposé à la FNSEA de rejoindre la manifestation, mais a essuyé un refus. De son côté, la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole, contredit les arguments de la FNSEA. "Il n'y a aucun risque pour la souveraineté alimentaire si on interdit les néonicotinoïdes", explique Nicolas Girod, porte-parole du syndicat, à franceinfo.

Mercredi, l'ONG environnementale Générations Futures a rappelé que les néonicotinoïdes étaient "plus toxiques que le tristement célèbre DDT", interdit dans les années 1970. L’ONG dénoncé des pratiques "dignes de l'agriculture des années 1960, pas de celle des années 2020".

Avec N. Cohen, L. Cadeau, A. Maurisson 

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