Notre-Dame de Paris : 5 ans après l’incendie, la flèche debout, l’enquête piétine

Connaîtra-t-on un jour les causes de l’incendie qui a dévasté Notre-Dame de Paris ? Cinq ans après, rien ne permet encore avec certitude de définir ce qui a provoqué le feu.

 Elle est fièrement érigée à la croisée du transept. 5 ans après l’incendie, la flèche, 3ème de la longue histoire de Notre-Dame, attend patiemment que les travaux s’achèvent pour son inauguration. Reconstruite à l’identique, elle remplacera le chef-d’œuvre de Viollet-Le-Duc, parti en fumée le 15 Avril 2019, menaçant d’emporter avec lui l’édifice tout entier.

Depuis sa pose fin décembre, le chantier progresse à vue d’œil. Bien plus vite en tout cas que l’enquête sur les causes de l’incendie. Loin d’adopter la même cadence, elle n’a encore donné aucune conclusion définitive et à ce jour, aucun responsable n’a été identifié.

Dès le soir du drame, une enquête préliminaire est confiée à la brigade criminelle de la direction régionale de la police judiciaire. Mais l’intervention est dangereuse car l’édifice menace de s’effondrer et cela retarde les investigations. Or, d’après les experts, celles-ci doivent se faire le plus tôt possible sur les lieux, au risque de ne pouvoir exploiter convenablement la scène. En parallèle, une centaine de témoins est entendue. Deux mois et 1000 pages d’instructions plus tard, Rémy Heitz, le procureur de la République, écarte la piste criminelle, qu’ "aucun élément ne permet d’accréditer". Les innombrables rumeurs et hypothèses qui prospéraient sur les réseaux sociaux sont ainsi discréditées. En revanche, le procureur évoque l’hypothèse d’une cigarette mal éteinte ou d’un court-circuit. Rien de plus précis.

 Imprudence, plutôt qu’acte volontaire ?  Une information judiciaire est alors ouverte et l’instruction est confiée à trois magistrats. Là encore, les risques d’effondrement, la configuration des lieux, la présence de plomb, et ensuite, les confinements successifs compliquent le travail des enquêteurs. Durant de longs mois, des laboratoires publics et privés procèdent à des prélèvements et analyses. Deux d’entre eux ont rendu leurs conclusions, mais il resterait encore 3 expertises complémentaires à mener, diligentées plus tard. Toujours inachevé, ce travail d’enquête peut connaître deux issues : une ordonnance de non-lieu ou un renvoi devant une juridiction. Mais pour cela, il faut des preuves, ou des éléments tangibles. L’enquête est par définition couverte par le secret de l’instruction.

Plusieurs hypothèses évoquées

 A défaut d’information provenant de sources judiciaires, plusieurs hypothèses ont été avancées dans la presse ou dans des livres depuis 5 ans. A commencer par celle d’une étincelle, s’échappant d’un outil de chantier, disqueuse ou chalumeau. Ou encore celle d’un court-circuit au niveau de l’ascenseur de l’échafaudage, ou du carillon à commande électromagnétique installé provisoirement dans les combles.

 En 2019, juste avant l’enquête judiciaire, le procureur de la République indiquait donc que deux pistes retenaient l’attention des enquêteurs. Celle du dysfonctionnement d’un système électrique et celle d’une cigarette mal éteinte. Certains ouvriers ayant alors avoué lors des auditions, avoir fumé à l’extérieur.

 La piste d’un incendie provoqué par l’activité humaine étant celle qui vient naturellement à l’esprit étant donné que la plupart des incendies de monuments historiques ont précisément lieu à l’occasion d’un chantier de restauration. Par ailleurs, le scénario d’une combustion lente qui couvait depuis plusieurs heures est également privilégié.

 Maigre avancée, les enquêteurs parviennent également à identifier la zone de départ de l’incendie. Il aurait commencé au niveau d’une poutre horizontale disposée en haut d’une des façades est, sur laquelle s’appuie la charpente.

Quelques avancées

 Par ailleurs, au-delà de la source de l’incendie, plusieurs défaillances dans la sécurité de la cathédrale sont identifiées lors de l’enquête, notamment dans le dispositif d’alarme, ce qui a contribué à retarder l’appel aux pompiers. Ces dysfonctionnements n’étant pas à l’origine du drame, ils permettent de comprendre comment les flammes se sont propagées avec une telle force dans l’édifice.

 Ces négligences majeures impliquent de nombreux acteurs publics (monuments historiques, pompiers, ministère de la culture) et pourraient engager la responsabilité de l’Etat. Mais pour l‘heure, aucune enquête administrative n’a été menée.

 En attendant les conclusions de l’enquête et un interminable feuilleton judiciaire, la flèche flambant neuve trône déjà religieusement au milieu de l’Ile de la Cité. A défaut de connaître l’origine du mal, le public pourra en admirer la réparation de plus près, à partir du 8 décembre prochain.

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