Occupation de la Maison des métallos par des migrants : "Il y a la peur d’une évacuation imminente"

Alors que plus d'une centaine de jeunes migrants occupent depuis plus de trois semaines l’établissement culturel situé dans le 11e arrondissement de Paris, le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville demande des garanties pour "un hébergement à long terme" des mineurs isolés à la rue.

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"Je veux travailler pour pouvoir m’occuper de mon fils", répète Namawa. Âgée de 28 ans et originaire de Côte d’Ivoire, cette mère d’un enfant d’un an et trois mois a été mise à l’abri au 3e jour de l’occupation de la Maison des métallos. Arrivée en France il y a huit mois, elle vit désormais dans un gymnase du 12e arrondissement, mais revient souvent au sein de l’établissement culturel et participe aux manifestations organisées en soutien aux mineurs isolés. 

"Ma situation actuelle n’est pas facile. Par exemple, on a accès à l’eau du robinet, mais l’eau calcaire n'est pas adaptée pour mon fils. J’aime beaucoup mon enfant", raconte Namawa, qui espère obtenir un titre de séjour. Elle "demande au gouvernement d’aider les mineurs isolés à avoir un logement et s’intégrer". "La Maison des métallos permet à ces jeunes de se réunir", ajoute-t-elle.

L’établissement culturel est occupé depuis le 6 avril. "Il y a environ 170 mineurs isolés, dont une dizaine de filles, ainsi qu’une femme avec un enfant. Les personnes viennent principalement de Guinée et de Côte d’Ivoire", explique une militante du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, né en septembre dernier au sein d’un campement de fortune. Déjà présente lors des précédentes actions du collectif à l’Académie du Climat en février et au Centquatre en mars, elle alerte aujourd’hui sur "la peur d’une évacuation imminente".

"Il y a eu deux évacuations récemment : l’une à Jussieu mardi dernier concernant une cinquantaine de mineurs, et l’autre sur la place Saint-Gervais près de l'Hôtel de Ville ce mardi matin, concernant 80 mineurs. Pour la reconnaissance de leur minorité, ces jeunes font une première demande auprès du Département. 80% font face à un refus. Puis ils peuvent demander un recours auprès d’un juge des enfants, sauf qu’il y a quatre à neuf mois d’attente avant l’audience, et il n’y a pas de prise en charge. Donc en attendant, ces jeunes se retrouvent à la rue", précise la militante.

"Le collectif demande des logements à long terme pour les jeunes dans un vrai centre, pas juste des hébergements temporaires. Mais aussi un accès à la santé, à l’éducation et aux transports. A Paris, à peu près 500 jeunes ont été mis à l’abri depuis septembre. On estime qu’il y a encore entre 200 et 300 mineurs à la rue. Les seules solutions pour eux aujourd’hui, c’est l’ouverture de gymnases par la mairie avec la pression du collectif, ou les opérations de nettoyage social dans le cadre des JO, avec la préfecture qui affrète des bus vers la province. Ils retournent à la rue en quelques semaines", déplore-t-elle.

"Le collectif demande un vrai engagement de la mairie de Paris"

"Pour la Maison des métallos, la mairie de Paris nous a presque menacés en indiquant que la préfecture préparait un arrêté de péril pour une expulsion, et en nous proposant au dernier moment une mise à l’abri dans un lycée inoccupé du 15e arrondissement. Un établissement qui appartient à la Ville mais sous la responsabilité de la Région. Valérie Pécresse a empêché la mise à l’abri, qui n’a pas eu lieu. Les jeunes demandent un vrai dialogue", indique la militante.

"Le collectif demande un vrai engagement de la mairie de Paris, avec un véritable rapport de force. Il y a un climat de plus en plus répressif. On espère un soutien politique clair sur la question de l’accueil des mineurs en recours", souligne-t-elle.

De son côté, la Ville de Paris a organisé une conférence de presse ce lundi après-midi pour évoquer "la mise à l'abri des personnes à la rue". La municipalité "appelle l'État à ouvrir des bâtiments vides pour l'hébergement d'urgence". La Ville assure avoir "proposé à l'État des bâtiments vides pour les transformer en centre d'hébergement d'urgence", "depuis plusieurs mois".

"La situation à Paris n'est pas satisfaisante alors que des centaines de personnes dorment dans les rues. Anne Hidalgo, maire de Paris, souhaite appeler l'État à faire face à ses responsabilités alors que la Maison des Métallos est occupée depuis plusieurs semaines et que le campement place Saint-Gervais a été évacué ce matin", indique la mairie.

Un "rassemblement festif" en présence du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville est prévu mercredi de 12h à 14h devant la Maison des métallos, avant la manifestation du 1er-Mai à République.

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