Ils étaient 300 à manifester en mémoire de Vanesa Campos, une prostituée transsexuelle tuée en août au Bois de Boulogne en tentant de défendre un client. Ils entendaient aussi dénoncer leurs conditions de travail, dégradées depuis l'adoption de la loi pénalisant la prostitution.
"Rien n'a changé depuis la mort de Vanesa!": quelques 300 personnes ont manifesté samedi à Paris à la mémoire de Vanesa Campos, prostituée trans tuée en août au Bois de Boulogne, pour réclamer "respect et sécurité" pour les travailleuses du sexe."Justice pour Vanesa Campos!" ou "Arrêtez nos agresseurs, pas nos clients" ont scandé les manifestants réunis place de la République, parmi lesquels des "compañeras" de Vanesa, des prostituées trans latino-américaines, mais aussi de nombreux militants d'associations de soutien aux personnes transgenres.
5 mises en examen
Vanesa Campos, une travailleuse du sexe de 36 ans d'origine péruvienne, a été tuée par balle dans la nuit du 16 au 17 août alors qu'elle tentait d'empêcher plusieurs hommes de dépouiller un client dans ce haut lieu de la prostitution parisienne.Cinq personnes ont été mises en examen et écrouées pour "meurtre commis en bande organisée" et "vols en réunion avec dégradations" dans le cadre de cette enquête confiée à la brigade criminelle.
"Nous cacher dans des coins isolés"
Comme lors de précédents rassemblements, les associations ont dénoncé l'inertie des pouvoirs publics et la "responsabilité politique" liée à la loi d'avril 2016 qui punit de 1.500 euros l'achat d'un acte sexuel. "Cela a pour seule conséquence de nous obliger à nous cacher dans des coins isolés où on est plus facilement agressées", a expliqué Rosa, petite brune de 24 ans perchée sur de hauts talons.«On demande le respect minimum. Un jour, je suis allée voir la police après une agression, ils m'ont dit: "Bats-toi, tu es un mec"», a témoigné Alexa, ex-prostituée trans de 27 ans, qui milite désormais avec l'association Acceptess-T. "Ce qui est désespérant, c'est que rien n'a changé depuis la mort de Vanesa. Il y a encore eu une agression la semaine dernière: on ne compte pour rien, comme si on n'était pas des êtres humains", a ajouté la militante, boucles brunes aux reflets verts et ras de cou résille.Lundi, une prostituée transgenre a été agressée au Bois de Boulogne. Des hommes descendus de voiture lui ont volé son sac, elle s'est alors postée devant la voiture qui a démarré et l'a heurtée.