Paris : heurts entre manifestants et policiers venus évacuer un lycée occupé par des migrants

Des heurts ont opposé ce mercredi matin des manifestants à des policiers venus évacuer des migrants occupant le lycée Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement. Le 29 avril, la justice a ordonné l’évacuation de ce lycée en travaux occupé depuis près de deux semaines.

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Ils occupaient les lieux depuis près de deux semaines: des dizaines de migrants ont quitté mercredi un lycée du nord-est de Paris, au cours d'une opération d'évacuation marquée à l'aube par des heurts entre policiers et manifestants. Un premier bus emmenant ces migrants, dont de nombreuses femmes, est parti vers 09H15, plus de trois heures après l'arrivée des forces de l'ordre, suivi de trois autres bus.

Heurts entre manifestants et policiers venus évacuer le lycée occupé par des migrants

A l'aube, plusieurs dizaines de manifestants, appelés en soutien par des associations d'aide aux migrants et par le collectif Nuit debout s'étaient donné rendez-vous au lycée Jean-Jaurès, dans le XIXe arrondissement, pour soutenir les migrants et tenter d'empêcher leur évacuation. La police a employé du gaz lacrymogène pour disperser ces militants qui avaient formé une chaîne humaine afin d'empêcher l'accès à une entrée.

Des manifestants, dont certains étaient masqués ou cagoulés, ont répondu par des jets de projectiles, aux cris de "tout le monde déteste la police", a constaté une journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre ont accédé à l'établissement via une autre entrée en forçant une porte en fer, a rapporté un membre du collectif qui soutient les migrants. "Ce matin la police nous a gazés et nous a repoussés. Hier à minuit on avait monté un barrage avec des tables et des chaises, ils ont tout dégagé", a raconté Emmanuel, un Ghanéen d'une vingtaine d'années sorti à l'arrivée des forces de l'ordre. "Dedans ça va, c'est mieux que la rue, il fait moins froid et des gens nous ont apporté des couvertures et quelques matelas", a raconté le jeune homme, qui s'est inquiété: "Je ne sais pas où (les policiers) veulent nous emmener".

Beaucoup de femmes

Après le retour au calme dans la rue, des responsables du collectif ont entrepris de parlementer à l'intérieur du lycée avec des policiers, a indiqué un membre du groupe, faisant état d'"environ 300" migrants sur place. Selon une source policière, les membres des comités de soutien ont demandé dans un premier temps aux migrants de ne pas quitter l'établissement.

D'après Clémentine Verschave, du collectif La Chapelle debout, se trouvent dans le lycée "beaucoup de femmes avec enfants, dont deux femmes enceintes", ainsi qu'une personne "handicapée moteur". "Ils les évacuent mais il n'y a pas de place en hébergement à Paris. Ils vont se retrouver en hébergement d'urgence pour 24 heures-72 heures maximum. Ou dans un hôtel s'ils ont de la chance", a déclaré la militante.

Le coordinateur politique du Parti de gauche, Eric Coquerel, a dénoncé une "violence injustifiée". "Ce lycée est vide et ne sert à rien. Ces personnes sont mieux ici que dans la rue", a-t-il commenté sur place. Les élus communistes Front de gauche de la capitale ont condamné "fermement" l'intervention des forces de l'ordre, demandant "au Préfet de Paris de renouer le contact avec la Ville de Paris pour éviter à l'avenir ces opérations lamentables, violentes et dépourvues de tout accompagnement social".

►Voir le reportage de Norbert Cohen, Olivier Chapelet et Laure Simondet


Au total, 277 personnes ont été évacuées du lycée mercredi, selon la préfecture de police de Paris


Parmi elles, "74 personnes (dont 20 femmes et 6 enfants) ont été mises à l'abri et conduites vers un centre d'hébergement", a indiqué la Préfecture. Plus de 200 autres ont été "prises en compte afin d'examiner leur situation administrative", promettant que "toute personne en situation régulière ou régularisable fera l'objet d'une mise à l'abri suivie d'un hébergement dans la journée" a précisé la préfecture.

Saisi par le conseil régional d'Ile-de-France, le tribunal administratif de Paris avait ordonné le 29 avril, avec un délai de grâce de 72 heures, l'évacuation de ce lycée. Lors de l'audience sur la plainte déposée par la présidente du Conseil régional Valérie Pécresse (LR), le collectif La Chapelle debout qui soutient ces migrants avait évalué à "un peu moins de 300 personnes" ceux qui occupaient les 8.000 mètres carrés des locaux.

Le lycée Jean-Jaurès a été investi dans la nuit du 21 au 22 avril par 150 migrants, notamment afghans, yéménites, soudanais, érythréens et somaliens, rejoints ensuite par d'autres personnes. Ces migrants venaient du campement sauvage situé sous le métro aérien de la station Stalingrad (nord-est de Paris), qui a été de nouveau démantelé lundi matin. Plus de 1.600 migrants ont été pris en charge lors de l'évacuation, ce qui constitue un record à Paris.
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