Aucun véhicule ni piéton, à l’exception des riverains, n’a l’autorisation d’accéder au périmètre, situé dans le Ier arrondissement de la capitale. Les itinéraires des lignes de bus qui passent d'habitude par le secteur sont déviés.
La circulation est bloquée par des fourgons de police côté nord et côté sud du pont, des cavaliers jaunes ont été disposés sur les pavés et une voiture sombre a été positionnée comme le soir des faits. La préfecture de police de Paris (PP) annonce dans un communiqué publié ce vendredi qu’un périmètre de sécurité est mis en place depuis 6h du matin autour du Pont Neuf.
Ce dispositif prend place dans le cadre d’une "opération judiciaire". Il s'agit d'une reconstitution menée après la mort de deux hommes en voiture le 24 avril dernier, quelques heures après la réélection d'Emmanuel Macron. Les victimes ont été tuées par balles par un policier armé d'un fusil d'assaut, lors d'un contrôle routier.
Cette "mise en situation" est réalisée sous l'autorité du juge d'instruction chargé de ce dossier criminel.
Le policier invoque la légitime défense
Le soir des faits, une patrouille de cinq policiers s'est dirigée vers une voiture garée à contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres sur l'île de la Cité, pour contrôler le véhicule, d’après le compte-rendu d'intervention de la police. Le véhicule a alors démarré et aurait "foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter", toujours selon la version déclarée alors par les fonctionnaires de police.
"Le seul" policier sur place à être armé d'un fusil d'assaut a ouvert le feu sur la voiture, qui prenait la direction du Pont Neuf, où le véhicule a terminé sa course après être monté sur un terre-plein. Le conducteur, âgé de 25 ans, et le passager avant, âgé de 31 ans, sont tous les deux morts. Nés à Paris, ils résidaient dans le XXe arrondissement. Un passager arrière de la voiture avait également été blessé.
D'après des éléments de l'enquête révélés mardi par Mediapart et Libération, ce troisième homme était monté dans la voiture pour une transaction de stupéfiants. Toujours selon les deux médias, les balles mortelles ont atteint les victimes par le côté et l'arrière : une trajectoire qui ne semble pas compatible avec la thèse de la légitime défense invoquée par le policier, qui a tiré à dix reprises.
Quelles sont les rues concernées ?
Plusieurs voies sont fermées au public dans le cadre de la reconstitution. "A l’exception des riverains, aucun véhicule ni piéton ne pourra accéder à l’intérieur du périmètre délimité à l’ouest par le square du Vert Galant et le Pont Neuf, au sud par le quai des Orfèvre (jusqu’à la rue de Harlay), au nord par le quai de l’Horloge (jusqu’à la rue de Harlay)", indique la PP.
A noter que "la rue de Harlay et la totalité du Pont Neuf sont également interdits d’accès". Pour ce qui est des transports en commun, les itinéraires des lignes de bus qui passent par le Pont Neuf sont déviés le temps de l’opération.
Pour ce qui est de l'enquête, le gardien de la paix qui a tiré sur les deux hommes avait été mis en examen le 27 avril pour "homicide volontaire" concernant le conducteur, "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" s'agissant du passager avant. Le fonctionnaire avait été placé sous contrôle judiciaire.