Le policier qui a tué dimanche deux hommes a été mis en examen mercredi notamment pour "homicide volontaire'. La légitime défense n'a pas été retenue.
Le policier qui a tué dimanche sur le Pont-Neuf à Paris deux hommes qui auraient, en voiture, redémarré précipitamment vers une patrouille, a été mis en examen mercredi notamment pour "homicide volontaire" concernant le conducteur. La légitime défense n'a pas été retenue, à ce stade de l'enquête.
La question de la légitime défense
Le gardien de la paix de 24 ans a également été mis en examen pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" s'agissant du passager avant et pour "violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l'autorité publique" envers le passager arrière.
Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire "sauf exception", de paraître à Paris, d'entrer en contact avec le service de police auquel il appartient pendant six mois, d'exercer en tant que policier impliquant un contact avec le public, de porter une arme et de contacter les victimes. Il a également une obligation de soins.
Le parquet a précisé que de nombreuses investigations portant sur les faits, en partie de nature criminelle, devaient encore avoir lieu, notamment sur la question de la légitime défense.
En parallèle, le parquet a également ouvert une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à la police judiciaire parisienne.
Colère d'un syndicat policier
Classé à droite, le syndicat de police Alliance a aussitôt contesté une "décision inadmissible" des juges, appelant à un rassemblement lundi 2 mai à la Fontaine Saint-Michel, face au Tribunal de Paris.
L'organisation concurrente Unité SGP Police a dit "prendre acte" de la décision sans "prendre des positions pouvant porter préjudice" au policier mis en examen.
La voiture a "foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter", précise le compte-rendu des policiers
Le soir du 24 avril 2022, un policier a tiré sur une voiture soupçonnée d'avoir forcée un barrage. Le conducteur du véhicule, âgé de 25 ans, et son passager avant, âgé de 31 ans, sont décédés sur place. Le passager arrière, âgé de 42 ans, a été blessé au bras et hospitalisé.
Selon le compte-rendu d'intervention de la police consulté par l'AFP, une patrouille de cinq policiers, quatre hommes et une femme, s'était dirigée ce dimanche peu avant minuit vers une voiture garée à contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres sur l'île de la Cité, pour la contrôler.
Alors que les policiers s'approchaient de l'avant de la voiture, celle-ci a démarré et "foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter", toujours selon ce rapport. "Le seul" policier armé d'un fusil d'assaut a alors ouvert le feu sur le véhicule qui prenait la direction du Pont-Neuf, où il a terminé sa course après être monté sur un terre-plein.
Selon les premiers éléments de l'enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées dont "cinq ou six impacts ayant atteint les individus". Ce gardien de la paix était équipé d'un HK G36, un fusil d'assaut acheté en urgence aux policiers et aux gendarmes après les attentats jihadistes meurtriers du 13 novembre 2015 à Paris pour pouvoir riposter aux tirs de kalachnikov.
Les deux personnes tuées étaient nés à Paris et résidaient dans le XXe arrondissement. Une source proche du dossier a par ailleurs indiqué qu'ils étaient "défavorablement connus, entre autres pour stupéfiants". Le passager arrière, âgé de 42 ans et inconnu des services de police, avait été blessé au bras et hospitalisé. Il a depuis été entendu, selon une source proche de l'enquête
Contacté par l'AFP, l'avocat du policier n'a pas souhaité commenter.