Sur le Pont-Neuf, en plein centre de Paris, des policiers ont tiré sur une voiture, dimanche soir peu avant minuit. Deux des occupants du véhicule sont morts et une troisième personne a été blessée. L'IGPN est saisie. Le policier qui a tiré a été placé en garde à vue.
Les faits se sont déroulés sur le Pont-Neuf (Ier arrondissement), quelques heures après la réélection du président Emmanuel Macron fêtée au Champs-de-Mars, sans que l'on puisse établir à ce stade un lien avec cet événement politique. Selon une source policière, des policiers chargés de la sécurisation de la Préfecture de police ont voulu contrôler une voiture de couleur sombre, de type Polo Volkswagen et immatriculée à Paris. Les occupants du véhicule auraient alors foncé sur les agents.
"On est sur un début de contrôle classique du véhicule. Le véhicule a redémarré en fonçant sur les effectifs de police. Et l’un des cinq policiers, porteur d’une arme longue, HK G36, a dû faire usage de son arme contre le véhicule", avance Yoann Maras, du syndicat Alliance.
Deux des occupants du véhicule (le conducteur et un passager, âgés de 25 et 31 ans) sont morts. Et un homme âgé de 42 ans, qui était placé à l'arrière du véhicule, a été "blessé sans que son pronostic vital ait été engagé", selon le parquet de Paris.
"On a entendu des coups de feu"
La procureure de Paris, Laure Beccuau, s'est rendue sur place cette nuit, peu après les faits. Un important dispositif policier était déployé aux abords, et la police scientifique s'est également rendue sur place.
"J'ai entendu (tirer) quatre balles. Quand j'ai regardé, j'ai vu un homme courir dix à quinze mètres. Puis il s'est écroulé. Apparemment il n'était pas le conducteur, c'était un passager", explique un touriste égyptien. Il indique qu'il se trouvait en terrasse à l'hôtel du Cheval blanc avec vue sur la Seine, située en haut du grand magasin de la Samaritaine, quand les faits se sont produits.
Maxime Guedon, un étudiant de 24 ans, sortait d'un restaurant avec une amie quand il a entendu des coups de feu. "On était parti dehors faire une petite balade. Ensuite, on a entendu des coups de feu. On a pensé que c'était des pétards. En fait il s'avère que c'était plus grave que ça", raconte-t-il.
Le policier tireur placé en garde à vue
L'enquête a été confiée au 1er district de la police judiciaire pour "tentative d'homicide volontaire sur personnes dépositaires de l'autorité publique", confirme le parquet de Paris. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) est par ailleurs chargée d'une enquête ouverte du chef de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
"Le policier susceptible d'être l'auteur des coups de feu a fait l'objet, après sa sortie de l'hôpital, d'une première audition par l'IGPN en début de matinée. Des investigations techniques et scientifiques ont également été sollicitées afin de mettre au jour les circonstances des tirs qui sont susceptibles d'avoir entraîné la mort et les blessures des occupants du véhicule", informe le parquet de Paris.
"L’enquête permettra de déterminer les raisons pour lesquelles ces personnes ont cherché à s’extraire du contrôle, et pourquoi elles ont foncé sur les collègues", indique Josias Claude, du syndicat Unité SGP Police.
Selon son avocat, contacté par franceinfo, le policier qui a tiré a été placé en garde à vue pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". "Cette mesure, prise notamment en raison de la gravité des conséquences des tirs de l'intéressé et afin de vérifier avec précision les conditions d'usage de son arme par celui-ci, est toujours en cours", a précisé le parquet. Selon les premiers éléments de l'enquête, il aurait tiré "une dizaine de coups de feu" qui auraient stoppé la voiture.