Procès assassinat Samuel Paty : "Je ne suis pas un terroriste", affirme le père de la collégienne, à l'origine de la campagne de haine sur les réseaux sociaux

Brahim Chnina, qui a publié les premiers messages de haine contre Samuel Paty, était entendu ce lundi par la cour d'assises spéciale de Paris. L'accusé a dit regretter ses actes. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle.

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"Il faut le punir", "Je peux avoir l'adresse de ce fils de pute", "Il faut lui briser le dos". Voici les mots de Brahim Chnina, lus par le président de la cour ce lundi 2 décembre.

Les 7 et 8 octobre 2020, le père de la collégienne les a publiés sur les réseaux sociaux, dénonçant Samuel Paty comme un professeur "voyou", lançant une campagne de haine qui allait aboutir à sa décapitation. C'est lui qui a également livré le nom du professeur et l'adresse de son collège.

L'enquête a révélé qu'entre les 9 et 13 octobre, il a eu neuf contacts téléphoniques avec Abdoullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty.

"Ce que j'ai fait est irréparable et impardonnable"

A la barre, le père de la collégienne, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste, a exprimé des regrets. "Je regrette infiniment ce que j'ai fait. Je regrette beaucoup. Je ne suis pas un terroriste et je ne fais pas partie d'une association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme. C'est vrai que j'ai fait une vidéo et je regrette que ça a mal tourné", a expliqué l'accusé.

En pull blanc sur une chemise bleue foncée, amaigri, l'air fatigué, les cheveux blancs et faisant beaucoup plus que ses 52 ans, Brahim Chnina se justifie :

"Je ne suis pas radicaliste (sic). Ma pratique de l'islam est comme celle de tous les musulmans de France", poursuit Brahim Chnina, qui s'est pourtant associé avec le prédicateur islamiste  Sefrioui, fondateur du collectif pro-Hamas Cheikh-Yassine (dissous le 21 octobre 2020), pour cyberharceler Samuel Paty.

A ses côtés, dans le box des accusés, Abdelhakim Sefrioui écoute. Il doit être entendu par la cour ce mardi. "Sans Sefrioui ça ne se serait pas passé comme ça", estime Brahim Chnina, qui s'empresse d'ajouter "mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je suis responsable".

"Pensez-vous avoir contribué à provoquer ce qui s'est passé ?", lui demande le président Zientara. "Avec la vidéo et les messages que j'ai faits, oui", concède l'accusé. "Je suis triste d'avoir mis M. Paty dans cette situation-là, ça n'était pas du tout mon but. Si j'avais su qu'il y avait des individus menaçants, peut-être que j'aurais pu faire quelque chose pour aider M. Paty, explique-t-il d'une voix lasse.

"Je présente toutes mes excuses, sincères, du fond du cœur, à M. Paty (...). Peu importe la sentence que vous allez me mettre. Je regrette du fond du cœur et je suis atteint à vie", poursuit-il en ajoutant qu'il a lui-même reçu des menaces de mort après la décapitation de Samuel Paty.

Le mensonge de sa fille


Il met également en cause la principale du collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où travaillait Samuel Paty. "Si elle m'avait dit tout de suite que ma fille avait menti et n'était pas en cours, j'aurais peut-être fait marche arrière (...). Si elle l'avait fait, M. Paty serait encore en vie", dit-il avec aplomb.

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La principale a reçu MM. Chnina et Sefrioui dans son bureau le 8 octobre. Les deux hommes, "énervés" comme l'a reconnu M. Chnina, avaient alors menacé d'organiser "une manifestation de musulmans" devant le collège pour dénoncer la prétendue "discrimination" subie par la fille de M. Chnina, alors âgée de 13 ans.

Dans la salle d'audience des "grands procès", de nombreux membres de la famille Chnina ont pris place sur les bancs du public. Ils ne lâchent pas leur proche des yeux.

Le procès est prévu jusqu'au 20 décembre.

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