Au 9e jour du procès, l’audience a été consacrée aux attaques menées sur les terrasses de La Belle Équipe et du Comptoir Voltaire. Des vidéos des faits ont notamment été diffusées.
Après la diffusion vendredi de photos et d’un enregistrement sonore de l’attentat au Bataclan, le procès du 13-Novembre se poursuit avec, également cette semaine, des témoignages d’experts. Ce lundi 20 septembre, l’audience commence avec un enquêteur de la brigade criminelle à la barre.
Le policier, qui a enquêté au niveau du bar La Belle équipe, présente les constatations effectuées sur place. Au cours des attentats, 21 personnes ont été tuées par trois terroristes au niveau de cette terrasse, située dans le XIe arrondissement. Des véhicules ont également été ciblés. L’enquêteur - arrivé à La Belle équipe vers minuit, le soir des faits - décrit le "silence", la présence de corps et la "violence" des faits. Il fait ensuite diffuser dans la salle d’audience un document vidéo de l’attaque, d’une trentaine de secondes.
Ces terroristes, ce sont mes frères
Sur les images en question, filmées par un témoin, on aperçoit deux des trois terroristes en train de tirer mais on entend surtout le son des coups de feu. Et comme lors des journées d’audience précédentes, le témoin a prévenu à l’avance les parties civiles qui souhaitaient s’absenter. Le policier a aussi décrit des corps "enchevêtrés", des lieux "mitraillés", avec de nombreux impacts balistiques suite à au moins 164 coups de feu.
Brahim Abdeslam, frère de Salah Abdeslam (le seul survivant des commandos), était présent parmi les assaillants. Au cours de l’audience, Salah Abdeslam, présent dans le box des accusés, décide d’ailleurs de "faire un commentaire" par rapport à la vidéo de l’attaque. "Si on les sort de leur contexte, je suis le premier à les désapprouver, avance-t-il. Mais si on les met dans leur contexte, je ne peux les condamner."
"Tirer avec des Kalachnikov sur des civils sur des terrasses de restaurant, c'est pas comme ça qu'on dialogue"
"Il y a des Français, des Allemands, des Belges de confession musulmane qui ont immigré en Syrie et en Irak pour vivre leur religion dignement, ajoute-t-il. La France les a assassinés. Si la France compte ses morts, nous on a arrêté de compter." Et d’oser, en surprenant certains dans la salle : "On peut se faire la guerre, s'entretuer, se détester, mais la porte du dialogue doit toujours rester ouverte".
"Il y a une part de provocation dans votre discours, réagit alors le président Jean-Louis Périès. Tirer avec des Kalachnikov sur des civils sur des terrasses de restaurant, c'est pas comme ça qu'on dialogue." Réponse de l’accusé, après quelques minutes d’échange : "Le 13-Novembre était inévitable. Mais vous pouvez éviter de nouveaux 13-Novembre, et c'est pour cela que je parle de dialogue." Face à l’agacement du président, Salah Abdeslam termine : "Ces terroristes, ce sont mes frères".
La cour d’assises va de scène d’horreur en scène d’horreur
Suite à une brève suspension, un second enquêteur est appelé à la barre, pour présenter les constatations liées à l’attaque du Comptoir Voltaire. C’est sur cette terrasse que le terroriste Brahim Abdeslam a actionné son gilet explosif. Personne d’autre que lui n’a été tué, mais l’attentat a fait plusieurs blessés, certains gravement touchés. Une vidéo issue d’une caméra de surveillance où l’on voit l'explosion est notamment diffusée.
A la sortie de la salle, l’émotion est visible sur le visage de certaines parties civiles. "La cour d’assises va de scène d’horreur en scène d’horreur, note Me Jean Reinhart, avocat de parties civiles. La cour d’assises a une volonté d’être très précise sur ce qui s’est passé. C’est important pour les parties civiles, mais elles le vivent d’une façon tellement douloureuse… Il y a une volonté de savoir et de ne pas savoir, c’est compliqué pour elle." Mercredi, pour la prochaine journée d’audience, un policier qui est entré dans le Bataclan afin de neutraliser l'un des terroristes viendra témoigner.