Procès d'Eric Drouet : "On utilise la police et vous aussi pour mater un mouvement social majeur" selon son avocat

Éric Drouet est jugé pour deux manifestations non déclarées le 22 décembre 2018 à Paris ce vendredi 15 janvier. Son interpellation avait indigné à gauche comme à droite et le leader gilet jaune avait dénoncé une interpellation "politique".

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Le procès n'a failli ne pas avoir lieu. Immédiatement, le parquet a demandé le renvoi, au motif qu'il doit également être jugé le 5 juin pour port d'arme prohibé - en l'espèce un bâton - lors de la manifestation du 22 décembre à Paris, mais le tribunal a décidé de juger l'affaire.

Le procureur a recquis un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende à son encontre. Le jugement sera rendu le 29 mars.
 

Le procès des gilets jaunes ?

Lors de cette matinée, l'avocat d'Eric Drouet, Me Lara a défendu son client en affirmant que la police était instrumentalisée.

À sa sortie de garde à vue, Éric Drouet avait dénoncé une interpellation "politique", affirmant qu'il devait juste rencontrer d'autres gilets jaunes pour un "rendez-vous au restaurant". Son arrestation montrait, selon lui, une volonté de "bâillonner" la contestation.

Éric Drouet s'était également défendu d'avoir lancé un appel à manifester. Quelques heures avant d'être interpellé, il déclarait toutefois dans une vidéo diffusée sur Facebook : "Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l'opinion publique. Je sais pas s'il y en aura qui seront avec nous sur les Champs (...) On va tous y aller sans gilet". Le procueur a lui rappelé la loi : "Ce que prévoit la loi, c’est une déclaration de toute manifestation sur la voie publique" et interprété "l’interpellation du 2 janvier" comme "tout à fait légale".

Eric Drouet était-il conscient des répercussions de son déplacement ? On peut le penser lorsqu'il affirme que "Ce mercredi là, on avait l'intention de montrer à tout le monde qu'on ne pouvait pas aller partout où on voulait".  

Un leader controversé

Le médiatique Éric Drouet est un des initiateurs de la première mobilisation nationale des gilets jaunes le 17 novembre. C'est lui qui avait créé l'événement Facebook "Blocage national contre la hausse des carburants". Il est devenu l'un des visages les plus connus de ce mouvement de contestation qui dure depuis trois mois et représente la plus grave crise du mandat d'Emmanuel Macron.

Ce père de famille de 33 ans se défend d'être un leader des gilets jaunes mais ses prises de parole pèsent dans la contestation.

Le prévenu est controversé. Il a été accusé d'appeler au putsch lorsque, lors d'un débat où on lui avait demandé ce qu'il comptait faire si la manifestation arrivait devant l'Élysée, il avait répondu : "On rentre dedans". Des propos qu'il avait relativisés dès le lendemain. 

Gouvernement taxé d'"amateurisme"

Son interpellation le 2 janvier avait provoqué l'indignation de responsables politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par le centre. "Abus de pouvoir. Une Police politique cible et harcèle désormais les animateurs du mouvement gilet jaune", a tweeté Jean-Luc Mélenchon. Hervé Morin, le président des Centristes, a taxé le gouvernement d'"amateurisme" et l'a appelé à "sortir de l'arrogance et du mépris" vis-à-vis des gilets jaunes.Le gouvernement, qui veut faire voter une loi "anticasseurs" prévoyant notamment des interdictions administratives de manifester, a défendu l'interpellation du routier au nom de l'État de droit. "Quand quelqu'un organise une manifestation alors qu'elle n'est pas déclarée, c'est qu'il ne respecte pas l'État de droit", a estimé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
 
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