Recherche : dans les laboratoires, le blues des chercheurs français

Trop de paperasses, pas assez de moyens et des salaires trop faibles : des chercheurs français sont tentés par le départ. La situation n'est pas nouvelle, mais le malaise a pris des proportions telles que l'excellence française est menacée.

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Frédéric Pendino recherche désespérément des financements. Il y a 10 ans, ce spécialiste identifie une protéine dans des tumeurs cancéreuses. À l'époque, ses travaux sont prometteurs. Cette protéine pourrait être responsable de la résistance aux traitements chez certains patients.

"On a développé une stratégie qui permet d'identifier des molécules qui pourraient inhiber cette protéine et qui sont de potentiels médicaments anticancéreux. Ces molécules sont dans un réfrigérateur depuis 4 ans et nous sommes à la recherche de financements pour pouvoir les tester", explique le chargé de recherches en cancérologie à l'Institut Cochin-Inserm-CNRS.

Hier précurseur, aujourd'hui rattrapé par la concurrence internationale, Frédéric Pendino aurait besoin d'une centaine de milliers d'euros pour fabriquer ces nouveaux médicaments contre le cancer. Mais dans les laboratoires, le manque de moyens et de poste n'est pas quelque chose de nouveau.

Trop de paperasses, pas assez de moyens et des salaires trop faibles : les chercheurs français tentés par le départ. ©France 3 Paris Île-de-France
 

"La situation s'est détériorée"

Déjà en 2004, les scientifiques battaient le pavé pour sauver la recherche française. Les directeurs de laboratoires étaient eux-aussi montés au créneau. Alain Trautmann était l'un des porte-parole des manifestants. 15 ans après, nous l'avons retrouvé, toujours à son poste et toujours aussi revendicatif.

"En 15 ans, hélas, la situation s'est détériorée. Par exemple, cette année, le nombre de postes offerts aux chercheurs a diminué de 20%. C'est quelque chose qui n'aurait jamais été accepté il y a quelques années. Cette année, c'est passé", affirme le chercheur à l'Inserm – Institut Cochin.
 

Des postes "complétement bouchés"

Après 8 années d'étude, Isabelle Munoz, docteure en immunologie s'inquiète pour son avenir. Elle aimerait continuer ses travaux avec Frédéric Pendino. Mais si elle veut un jour obtenir un poste, elle doit partir à l'étranger pour étoffer son CV :

"Si une fois que j'aurai fini mon post-doc à l'étranger, si je vois que les conditions en France me permettent effectivement d'avoir un poste, je reviendrai. Par contre, si je vois que c'est complètement bouché comme à l'heure actuelle, je vais rester à l'étranger parce que les conditions de travail sont bien plus confortables pour un post-doc et pour avoir une situation stable."

Frédéric, lui, veut rester en France, même s'il sait qu'à l'étranger, il pourrait financer ses projets. Aux États-Unis ou en Chine par exemple, il pourrait obtenir plusieurs millions d'euros pour terminer ses recherches.
 
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