Des hausses à deux chiffres sont à prévoir sur votre prochaine taxe foncière. En Île-de-France, la ville de Paris est en tête des villes qui augmentent le plus leur taxe : + 62,7%, suivie de Meudon : + 44,7%. Les premiers avis d'imposition sont envoyés ce mercredi pour les propriétaires qui ne sont pas mensualisés.
Cette année, la hausse de la taxe foncière s'annonce particulièrement salée. En cause : la suppression de la taxe d'habitation, ainsi que l'inflation sur laquelle sont indexées les valeurs locatives cadastrales servant de base au calcul de la taxe foncière. Toutes les communes doivent ainsi augmenter mécaniquement leur taxe foncière de 7,1%.
À cela s'ajoute dans la majorité des communes une hausse (ou très rarement une baisse) plus ou moins élevée de cette taxe. En Île-de-France, les villes qui augmentent le plus leur taxe foncière sont : Paris : + 62,7%, Meudon : + 44,7%, Bobigny : + 26,9%, Livry-Gargan : + 22,2%, Courbevoie : + 21%, Issy-les-Moulineaux : + 20,5%, Corbeil-Essonnes : + 19,2%, Noisy-le-Sec : + 14,3%, Antony : + 12,5%, Nanterre : + 12%.
Aucune ne baisse ses taxes foncières dans la région, certaines décident tout juste de ne pas ajouter de hausse à celle déjà automatique, à l'instar de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) : + 0.09%.
"Dérèglement climatique, crise énergétique et inflation touchent toutes les villes. L’État refuse d’être à leurs côtés. Pour garder les services publics et accélérer la transformation écologique, nous n'avons d'autre choix que d’augmenter la taxe foncière", justifiait ainsi Anne Hidalgo lors de l'annonce de l'augmentation de la taxe foncière en novembre 2022.
La taxe foncière "est aujourd'hui à Paris la plus basse de France à 13,5% contre 41,61% en moyenne dans les grandes villes françaises, et elle n'a pas augmenté depuis 2011", faisait elle valoir malgré sa promesse de ne pas augmenter les impôts lors de sa réélection. Selon elle, la crise de la Covid, la guerre en Ukraine, l'inflation sur les prix de l'énergie l'ont obligé à prendre cette décision pour "maintenir une haute qualité de nos services publics, de continuer à investir dans le logement, dans la transition écologique, dans l'entretien et la modernisation de notre patrimoine et de nos équipements, dans l'embellissement de nos rues et de nos jardins".
"Un choix politique du gouvernement"
André Laignel, maire d’Issoundun et vice-président de l’Association des maires de France, regrette cette hausse spectaculaire. "Le gouvernement a décidé une augmentation des bases de 7,1%. C'est un choix politique du gouvernement, il y avait d'autres possibilités. Le gouvernement a refusé d'indexer la dotation globale de fonctionnement, qui est la principale ressource des collectivités locales. Il a préféré augmenter de manière importante les bases de taxe foncière. Ce sont les citoyens qui vont payer, alors que s'il avait augmenté les dotations c'est le gouvernement qui aurait dû financer. Donc, c'est un choix politique."
Cette augmentation de la taxe foncière représente "trois fois l'augmentation des loyers et trois fois l'inflation", indique sur franceinfo Christophe Demerson, directeur de la revue "25 millions de propriétaires" et ancien président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi).
Selon lui, la forte hausse de la taxe foncière est donc une "très mauvaise nouvelle à la fois pour les propriétaires occupants, les propriétaires bailleurs et pour les investisseurs". Il juge "dangereuse" cette hausse "pour les propriétaires des classes moyennes" qui "ne pourront pas conserver leur bien".
Croissance en berne
Franceinfo rappelle que la taxe foncière est un des leviers des communes pour financer les cantines scolaires, le chauffage des piscines municipales ou encore de l'essence dans les camions poubelles.
Une hausse de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM), payée en même temps que la taxe foncière est également à prévoir. "Selon les calculs du cabinet d'études FSL, relayés par Les Echos, elle va augmenter dans 37% des territoires".
La Première ministre, Élisabeth Borne, a, quant à elle, assuré ce mercredi sur France Bleu qu'il n'était "pas question" pour l'exécutif "d'augmenter les impôts des ménages", tout en reconnaissant qu'une hausse des franchises médicales était l'"une des pistes sur la table".
"Je vois beaucoup de rumeurs selon lesquelles on voudrait augmenter les impôts : il n'(en) est pas question, ce n'est pas du tout la philosophie du gouvernement d'augmenter les impôts des ménages. Au contraire, on veut continuer à baisser les impôts en étant évidemment attentif au pouvoir d'achat des classes moyennes", a-t-elle déclaré.
L'exécutif, qui doit présenter fin septembre le projet de loi de finances pour 2024, fait face à une équation délicate avec une croissance attendue autour de 1% en 2023, des recettes fiscales moins dynamiques qu'en 2022 et une dette publique de plus de 3 000 milliards d'euros.
Plusieurs pistes d'économies sont à l'étude et le gouvernement pourrait également reporter la baisse des impôts de 2 milliards d'euros pour les ménages évoquée au printemps par Emmanuel Macron.