Travail illégal dans 4 grands musées : un syndicat porte plainte

Le musée du Louvre, le Palais de la porte dorée et la Bourse du Commerce-Pinault-Collection sont soupçonnés d’employer illégalement de la main-d’œuvre.

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Écarts de revenus d’un tiers, mutuelles de santé dérisoires, rigidité dans la pose des congés, temps de pause réduits, changement de programme à la dernière minute. Les conditions de travail des agents de grandes institutions culturelles seraient largement différentes, en fonction de leur statut. Ils seraient de plus en plus nombreux à être embauchés par des sociétés extérieures selon le syndicat Sud-Culture, qui porte plainte contre 3 institutions parisiennes, dont le Louvre, et le MUCEM à Marseille.

Le musée le plus visité au monde emploie-t-il illégalement cette main-d’œuvre ? C'est ce que dénonce le syndicat, qui s’inquiète de l’extension "irréversible" de ce phénomène, "qui touche massivement les établissements culturels depuis plusieurs années : le Centre Pompidou-Metz, le Louvre-Lens, le Palais de Tokyo ou encore la Fondation Louis Vuitton". Outre le Louvre et le MUCEM, les plaintes visent la Bourse de commerce-Pinault Collection et le Palais de la Porte Dorée à Paris. Si les fonctionnaires demeurent majoritaires au Louvre, ils seraient une large majorité du personnel à être externalisés au Palais de la Porte Dorée, et près de 80% au MUCEM, selon le syndicat.

 Des salariés externalisés

Ces institutions culturelles se voient reprocher d'avoir externalisé des prestations (accueil, médiation en salle, vente, vestiaire, audioguides, etc.) à des sociétés privées qui leur mettent à disposition des salariés.

Dans l'exemple du Louvre, 25 salariés chargés des audioguides auraient d'abord été externalisés en 2019. Mais en 2023, c'est l'ensemble des activités d'accueil et de surveillance, soit 65 postes supplémentaires, qui auraient été confiés au privé. Sur le papier, ce prêt de main-d’œuvre est légal. Mais d'après les plaignants, il pose question car "les salariés prêtés se trouvent en réalité subordonnés directement aux équipes" des musées, sont "traités différemment des agents internes" avec des conditions de travail qui seraient moins bonnes.

Des agents "surveillés" et "corvéables à merci", isolés physiquement et psychologiquement, "parfois à devoir rester debout durant toute leur journée de travail", révèlent les témoignages recueillis par le syndicat, après des mois d’enquête. Dans un communiqué de mai 2023, l'équipe des agents d'accueil du MUCEM affirmait par exemple que cette externalisation "dénature nos missions et vide de sens notre travail", avec une "multiplication des démissions, arrêts de travail, burn outs et accidents de travail", et appelait leur direction à "internaliser" les postes en question.

Les institutions globalement silencieuses

Aucune des trois institutions parisiennes n’a souhaité commenter cette plainte, pas plus que les sociétés extérieures concernées (Mariane International, Musea et Penelope). Seul le MUCEM a fourni une réponse. L’institution indique que "le ministère de la Culture a, dès le début du projet, décidé que (des) missions seraient externalisées dans le cadre de marchés publics, comme cela est le cas dans d'autres musées nationaux". Le musée précise qu'une organisation interne permet de "s'assurer que les personnels du prestataire ne soient pas subordonnés à un personnel du Mucem" et que les questions de ressources humaines "sont traitées directement par le prestataire, sans intervention" du Mucem.

Les avocats du syndicat, qui ont en parallèle saisi l’inspection du travail, dénoncent un "contournement illégal des textes". "C'est aussi une façon pour les salariés du milieu de la culture, qui subissent une précarisation de plus en plus dure, poursuivent-ils, de dire dignement que cela doit cesser car les répercussions sur leur quotidien sont devenues intenables." 

 

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