Après un premier permis de construire très contesté, Lafarge a décidé d'écouter les associations de riverains. De substantielles modifications ont été apportées et le groupe va pouvoir reconstruire sa centrale quai de Javel (XVe arrondissement), près de la tour Eiffel.
Pour une fois, il n'y aura pas de combat judiciaire interminable. Lafarge a déposé son permis de construire qui n'a été contesté par personne. Le fruit d'une longue concertation qui a eu lieu entre septembre 2020 et la fin du printemps 2021.
"Lafarge a modifié son projet de façon assez sensible, c’est-à-dire qu'il a diminué sa capacité de production, le nombre de trémies, de silos, de tapis qui conduisent les matériaux au malaxeur ce qui représente des nuisances importantes", explique Dominique Velle, présidente de l'association des Riverains du port de Javel qui cite d'autres avancées comme la réduction du nombre de camions circulant d'une petite vingtaines à douze.
Première bataille judiciaire
Pourtant, l'affaire avait mal commencé. Les membres de son association ont dû se battre pour obtenir une première version du plan de reconstruction de la centrale actuelle qui date de 1964. Autorités et entreprises ont tout fait pour noyer le poisson et ne pas tenir informer les riverains.
Finalement, après la contestation du permis de construire et un renoncement de l'entreprise à agrandir le site du port de Javel, Lafarge décide de jouer le jeu de la concertation. Il faut dire qu'à ce moment, en septembre 2020, le groupe est sous le feu des projecteurs et accusé de rejeter des polluants dans la Seine sur son site de Bercy (XIIe).
"C'est du gagnant-gagnant. On était parti sur un projet de reconstruction de la centrale qui date de 1964 sur des critères classiques. L'aiguillon des riverains, de la mairie de Paris, nous a obligé à tout remettre sur la table et à reconstruire le projet dans un échange permanent", indique Loïc Leuliette, directeur de la communication et des affaires publiques de Lafarge France.
Réduction des capacités du site
Comparé au projet initial, Lafarge a diminué la capacité de production de la centrale d'un tiers (de 120 000 m³ par an, à 80 000 m³). Mais pourquoi le groupe tenait tant à reconstruire ce site industriel vieillissant ? Car, selon M. Leuliette, "la ville a besoin de béton". "Le béton, c'est comme le yaourt, ça a une durée limitée. Quand on charge un camion-toupie, c'est une heure et demie d'utilisation possible", poursuit-il.
D'où la nécessité d'avoir des sites de production au sein de la capitale pour livrer les chantiers le plus rapidement possible.
Autre acquis des riverains : des aménagements visuels. "On a beaucoup insisté sur le fait qu'il ne fallait pas une architecture trop industrielle et on a demandé à Lafarge de faire un effort sur les revêtements du malaxeur et une végétalisation de tout l'espace. Nous avons obtenu des choses très positives", se félicite Mme Velle.