Voie dédiée au covoiturage sur le périphérique : pour ou contre, les avis sont partagés

La Ville de Paris a annoncé la tenue prochaine d'une consultation au sujet du maintien d'une voie dédiée aux transports collectifs et au covoiturage sur le périphérique parisien après les JO 2024. Qu'en pensent les éventuels futurs utilisateurs ?

"Cela permettra d'inciter les gens à se mettre au covoiturage." Pour Olivier Binet, PDG de la plateforme Karos, le constat est clair. Avoir une voie dédiée aux transports collectifs et au covoiturage sur le périphérique serait une "avancée majeure".   

La mairie de Paris va proposer aux Franciliens de donner leur avis, de mi-avril à fin mai, sur son projet de réserver une voie du périphérique au covoiturage, taxis et transports en commun après les Jeux olympiques de 2024. (Durant les JO et JOP, cette voie sera réservée aux athlètes, officiels et secours de 6h à minuit.) 

Objectif pour la municipalité : "Améliorer la qualité de l'air, diminuer les nuisances sonores, résorber la congestion, mais aussi réduire la consommation de carburants et alléger les dépenses des ménages", explique un communiqué de la Ville publié ce mercredi.

"Une bonne chose pour les mobilités collectives" 

"Ce serait une bonne chose pour les mobilités collectives et notre secteur qui est en pleine expansion dans la région", selon le dirigeant de Karos qui prend en charge 45% des trajets covoiturés en Île-de-France.

Selon l'Observatoire national du covoiturage, 231 000 covoiturages ont été effectués en Île de France en février dernier. Il y en avait eu 143 000 à la même période en 2022. Cette mesure serait un moyen de poursuivre le développement du covoiturage à Paris et en Île-de-France se félicite Olivier Binet.

"Cela répondrait à la fois à une problématique de pouvoir d'achat. De plus en plus de personnes pourraient voyager de manière économique. Il y a également un enjeu écologique. Plus de voitures sur la voie de covoiturage signifient moins de véhicules sur les autres voies et donc une réduction du nombre d'automobiles au global sur le périphérique."

Les taxis inquiets pour la circulation globale 

La perspective de la pérennisation de cette voie ne fait pas l'unanimité. Le Syndicat des taxis parisiens est moins optimiste. "Nous comprenons que ce soit mis en place pour les JO, car cela va permettre de fluidifier le trafic. En revanche, après cette période, le fait de réserver une voie à seulement quelques véhicules risque de créer plus de bouchons sur le périphérique qu'à l'heure actuelle", note Mouhssine Berrada, président du syndicat. 

Au-delà des membres de sa profession qui devraient bénéficier de cette voie, il craint que cette mesure impacte surtout les automobilistes franciliens empruntant quotidiennement le périphérique. "En tant que taxis, nous sommes habitués aux bouchons, mais le fait de rajouter de la congestion risque d'engendrer de plus en plus de comportements déplacés parmi les automobilistes." 

Selon lui, l'ajout des véhicules de covoiturage n'aura pas d'impact positif sur la fluidité de cette voie à long terme. "Si on ne limite pas l'accès qu'aux véhicules officiels comme les taxis, les secours et la police à l'image de ce qui est fait dans les aéroports, cette voie ne changera pas grand-chose pour ceux qui l'emprunteront." 

"On doit nous laisser faire notre travail "

Inquiétude également chez les chauffeurs VTC. "On ne sait pas si on pourra circuler sur cette voie pendant les JO et encore moins après", dénonce le secrétaire général du Syndicat des Chauffeurs Privés VTC Sayah Baaroun. Celui-ci souhaiterait avoir les mêmes droits que les taxis. "S'ils sont autorisés à passer, il faudra que nous puissions l'être aussi. Il faut qu'on soit autorisés à faire notre boulot correctement sans être discriminés."

Le représentant syndical craint également une surpopulation. "J'ai peur que cela concerne trop de monde. Si tous les transports collectifs l'empruntent, les véhicules risquent d'être trop nombreux sur cette même voie". Selon lui, la pérennisation de celle-ci ne serait qu'une façon "de déplacer un problème." D'après le chauffeur, "ce n'est pas parce que vous favorisez le covoiturage par rapport aux autres modes de transport que cela va fluidifier le trafic. Il y a trop d'automobilistes à Paris et les routes parisiennes ne sont pas adaptées pour accueillir convenablement le flux quotidien."

Une consultation en ligne du 17 avril au 28 mai

Ouverte sur le papier à tous, et pas uniquement "à ceux qui utilisent cette voirie", cette consultation doit permettre de "récolter les avis de l'ensemble des parties prenantes", et notamment des "opposants" au projet, souligne David Belliard, adjoint à la Mairie de Paris en charge de la transformation de l'espace public.

Une réunion publique de lancement sera organisée à l'Hôtel de Ville le 17 avril prochain. Ensuite, deux webinaires auront lieu les 10 et 23 mai au sujet de la pérennisation de cette voie dédiée.

 

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